Ryan Sanusi est ce genre de joueur qui marque. A Grenoble, il n’a compté qu’un but, mais il a marqué les esprits. Pièce maîtresse de l’entrejeu grenoblois la saison dernière, Ryan, telle une étoile filante est retourné dans son plat pays. Sa première saison professionnelle en Belgique, son club de toujours Beerschot, ses souvenirs grenoblois, Twitter et Coronavirus, il a répondu à toutes nos questions.
Q : Première question, quel bilan peux-tu tirer de ta saison au Beerschot ?
Ryan Sanusi : Nous devions jouer en Jupiler Pro League (première division belge), mais le club est finalement resté en Division 1B (deuxième niveau national) suite au maintien de Malines. J’étais très déçu car j’avais quitté Grenoble pour réaliser mon rêve de jouer en première division, pas pour de la deuxième division. Une fois cet épisode digéré, je me suis recentré sur le football. Au début de l’année, je n’étais pas un titulaire indiscutable. Après six à sept semaines, j’ai réussi à trouver ma place et à m’imposer comme une pièce importance du groupe. Je suis devenu titulaire. Malheureusement, j’ai connu deux blessures très proches, dont une assez longue. Au final, j’ai joué peu de matches, une douzaine je dirais. Ce qui est décevant pour une première saison, selon moi. L’équipe a réussi à se hisser jusqu’en finale de promotion face à Louvain. On a gagné l’aller (1-0), où j’ai été titulaire et pendant lequel j’ai joué 90 minutes. Malheureusement le confinement a tout arrêté juste avant le match retour.
Q : Ce retour en Belgique, c’était aussi une première expérience professionnelle pour toi dans ton pays natal. Alors, ton avis ?
R.S : C’est vrai que c’était un peu bizarre au début ! A 18 ans, j’ai quitté mon pays pour partir aux Pays-Bas et devenir footballeur professionnel. Au final, entre mon expérience là-bas et mon passage à Grenoble, je suis parti neuf ans de chez moi. Heureusement, en revenant à Beerschot, je connaissais encore quelques membres du staff et quelques joueurs. Ca m’a aidé à m’intégrer et très vite tout est redevenu normal.
Q : Qu’as-tu pensé du niveau du championnat belge ?
R.S : La deuxième division belge est un championnat très physique. Un style physique mais différent de ce que j’ai pu connaître en Ligue 2 en France. Je pense que la Ligue 2 reste au dessus de notre deuxième division ici.
Q : Que retiens-tu de ton passage à Grenoble et au GF38 ?
R.S : Mon fils est né à Grenoble ! Ca, je ne l’oublierai jamais déjà (Rires). J’ai eu un passage très agréable à Grenoble. L’accueil a été incroyable. Tout le monde était très sympa avec moi. C’était top. Je m’y suis fait et je garde encore aujourd’hui beaucoup d’amis à Grenoble. Ca m’a permis de me sentir à l’aise. Ensemble, avec l’équipe, on a fait une vraie belle saison. Pour un retour dans le monde professionnel, je pense qu’on a envoyé un message à la France entière. Grenoble était de retour. Même les matches où on ne produisait pas forcément du bon football, on pouvait se montrer dangereux et on était capables de gagner ! Je pense à Jessy (Benet), je me rappelle de Francis (De Percin), de Philippe (Hinschberger)… Le match contre Strasbourg aussi, en Coupe de France, a été un chouette souvenir. Globalement, cette expérience m’a confirmé que la France est un pays super. J’habitais Meylan, la nature était aussi à portée de main. Ces montagnes autour, c’était fou. S’y balader, voir la neige. On a passé de bons moments avec mon chien (Rires). J’ai déjà dit à ma femme que je voulais revenir à Grenoble pour voir un match, mais pas que ! J’aimerais rester une petite semaine ou dix jours, pour profiter du cadre.
Q : La Belgique a été l’un des premiers championnats à s’arrêter, Ryan. La bonne décision selon toi ?
R.S : Je pense que c’est un peu exagéré… On ne va plus jouer jusqu’à août ou septembre. On nous empêche de nous entraîner alors que nous footballeurs, ne sommes pas spécialement une population à risques. C’est très handicapant d’avoir tout arrêté. Avec Beerschot, on attend la décision concernant la promotion en Jupiler Pro League (NDLR : elle devrait tomber ce vendredi), mais on est dans le flou.
Q : Vous devriez monter logiquement, non ?
R.S : L’an dernier aussi nous devions monter.
Q : Tu es arrivé sur Twitter – et quelle arrivée ! -, tu ne mâches pas tes mots, c’est le moins qu’on puisse dire…
R.S : J’étais coincé à la maison. Je n’avais rien à faire et j’avais surtout envie de m’exprimer. Twitter est top pour ça. C’est le bon outil. Alors j’essaye de partager ma pensée. Je dis ce que je pense. Pour moi, Twitter, c’est la liberté totale de s’exprimer. Je n’insulte personne. Je refuse qu’on contrôle ce que je peux dire ou non, et surtout, j’assume tout ce que je dis.
Q : Il y a d’ailleurs eu un drôle d’épisode avec un virologue qui t’a bloqué…
R.S : Je me suis juste permis de donner mon avis sur ce virologue. Il était, sans rire, sur tous le plateaux télé. Tu allumais ta télé tu le voyais toute la journée. Pareil sur les réseaux sociaux. Son métier, c’est virologue. Pour moi, s’il est toute la journée dans les médias, il perd de sa crédibilité. Alors je lui ai dit sur Twitter. Il m’a répondu qu’il avait trouvé un moyen que je ne le vois plus, et il m’a bloqué.
Q : Je pourrais avoir ton opinion sur cette crise sanitaire que traverse le monde en ce moment ?
R.S : Dans tous les pays, les gens comme moi, qui ont une opinion différente, on les traite de conspirationnistes. On les traite de malades. Il y a un virus, c’est certain. Je ne le nie pas. Mais pour moi, les gouvernements en profitent pour faire des règles qui dépassent les bornes. Je pense qu’on met beaucoup de morts sur le dos du covid. Il y a de nombreux témoignages de familles qui disent que leurs proches ne sont pas morts du covid mais on les déclare comme tel. Au début, je croyais tout ce que disait les médias grand public. J’étais affolé. Mais j’ai commencé à faire des recherches de mon côté, à m’informer différemment et je me suis fait une autre opinion. Tu te rends compte qu’on parle d’un vaccin, alors qu’en temps normal pour réaliser un vaccin dans de bonnes conditions il faut plusieurs années ? En Allemagne, aux Etats-Unis ou encore en Grande-Bretagne, des gens manifestent pour que la vie reprenne. L’économie est en péril et beaucoup de gens risquent d’être fauchés si la vie ne reprend pas. Il est statistiquement prouvé que la plupart des personnes qui meurent du covid , avaient déjà une autre pathologie ou étaient en mauvaise santé.
Q : Pour toi, la vie devrait reprendre ?
R.S : La vie devrait reprendre. Le foot aussi. Si je pouvais décider, je le ferai ! Mais la Belgique, de part le côté wallon, est très influencée par la France et les médias français. Je ne pense pas qu’on reprendra avant septembre malheureusement.
Propos recueillis par téléphone par Diego Luis, le lundi 11 mai 2020 à 19h22