Alors que la période du mercato s’est officiellement terminée vendredi dernier à 23 heures, décryptage des mouvements qui ont animé l’été du GF38. Après les gardiens de but, la défense et le milieu, place au gros morceau : l’attaque.
Nous vous l’annoncions dès mai dernier : le grand chambardement était attendu et le mercato serait principalement tardif compte-tenu du contexte global. Aucune surprise donc à ce niveau-là, on aurait même pu s’attendre à plus de mouvements.
Deuxième remarque d’ordre général : si Grenoble a vendu, il a vendu très en-deçà de ses attentes. Il y a à notre sens une triple leçon à retenir pour les dirigeants grenoblois s’ils veulent eux aussi s’inscrire dans une logique d’apprentissage et de progression : il faut savoir vendre au bon moment, il ne faut pas surévaluer un joueur au risque de crisper les acheteurs et il faut éviter de nommer, maintenir et prolonger un entraîneur incapable de faire progresser (ou ne serait-ce que relancer) ses joueurs offensifs. Le manque de valorisation des « actifs » est au final extrêmement préjudiciable pour un club dont le modèle économique est basé sur la vente (comme c’est le cas pour les trois-quarts des clubs pro’ français, encore plus avec ces temps incertains de droits TV).
Pour plus de clarté nous vous proposons de traiter un par un les partants avec à chaque fois la recrue qui les remplace numériquement.
Cette fois-ci, ce fut la bonne pour Abdoulie Bamba Sanyang. Nous sommes déjà revenus très en détails et en chiffres sur son transfert à Split et sur ses précédents départs avortés. Le GF38 l’a finalement vendu plus de 6 fois moins que ce qu’il aurait pu le vendre 1 an et demi auparavant. Mais la somme récoltée cet été est finalement conséquente pour un joueur au statut de remplaçant la saison dernière, terminée avec un seul but au compteur (lors de la 1ère journée). Le sentiment de gâchis reste toutefois énorme. Pour le remplacer, Grenoble a fait venir Allan Kérouédan, co-meilleur buteur du National. Un joueur libre, aux prétentions salariales peu élevées, qui a déjà quelques belles références et une belle marge de progression. Tout de la bonne pioche sur le papier.
Comme Sylvestre et Mbemba, Virgiliu Postolachi avait « un bon de sortie » après une première saison jugée décevante. L’international moldave a lui plié bagage cet été, direction la Roumanie. Acheté 300 000€ la saison précédente, il a été vendu 200 000€. Pour le remplacer, Grenoble a d’abord pioché dans les étages inférieurs avec Nesta Elphege, arrivé libre après le dépôt de bilan des Chamois Niortais. S’il reste sur une saison de National très bonne niveau stat’, le grand avant-centre part à nos yeux de plus loin que Kérouédan pour venir se faire une place en Ligue 2.
En toute fin de mercato Ayoub Jabbari, que nous évoquerons également un plus tard, présente le même profil qu’Elphege avec 14 matchs de Ligue 2 l’an passé sous le maillot du Paris FC pour deux buts et deux passes décisives. Grenoble a déboursé pour lui une somme conséquente à son échelle : 500 000€. « Panic buy » ou bon coup, les prochains mois donneront un élément de réponse mais Pape Meissa Ba nous semble assez loin devant dans la hiérarchie aujourd’hui.
Nous vous parlions d’échec dans la valorisation des actifs, Amine Sbaï en est une illustration. L’ailier gauche avait fait l’objet d’offres intéressantes l’hiver dernier mais souhaitait finir la saison (à ce moment là la Ligue 1 n’était pas encore qu’une illusion) avant de partir cet été. Il avait même prolongé en connaissance de cause pour permettre au GF38 de le vendre plus cher. Six mois plus tard, malgré le très bon travail effectué par Oswald Tanchot auprès du joueur cet été, la seule offre « convenable » est venue d’Arabie Saoudite, malgré de nombreux clubs intéressés. Et elle est sensiblement inférieure à ce que le GF38 espérait de son talent franco-marocain arrivé libre de Sète il y a deux ans. Pour le remplacer numériquement, Mamady Bangré (qui évoluera à droite) est arrivé de Toulouse. Etincelant lors de son prêt à QRM il y a deux saisons, un peu moins en vue à l’ESTAC l’an passé, le joueur qui appartenait à Toulouse a tout pour s’épanouir sous les ordres d’Oswald Tanchot et avec l’animation offensive mise en place par ce dernier. A nos yeux, le meilleur coup du mercato isérois, c’est lui ! Il est arrivé à Grenoble pour un coût faible (une somme entre 200 et 300 000€ est évoquée) mais le TFC récupèrera un % d’une éventuelle future vente.
Est-ce que Natanaël Thio a des qualités ? C’est évidemment un grand oui, même s’il a finalement assez peu eu sa chance à Grenoble. Est-ce que ses qualités collent avec les attentes d’OT ? C’est non. L’ailier gauche n’avait d’ailleurs pas été appelé dans les groupes de 20 depuis le début du championnat. C’est donc assez logiquement qu’il est allé chercher du temps de jeu ailleurs. Dans un autre registre, Lamine Jarjou, jamais aperçu cet été, a été prêté à Chypre.
Pour remplacer Thio, la piste Baaloudj n’a pas abouti et c’est Junior Olaitan qui est arrivé de Troyes (une indemnité de transfert d’environ 500 000€ est évoquée). Sa polyvalence lui permet de jouer à peu près partout. A 22 ans il compte déjà une soixantaine de matchs de Ligue 2 (pour 3 buts et 4 passes décisives) et encore une forte marge de progression. Son comportement avec les supporters de l’ESTAC en fin de saison passée avait beaucoup fait parler.
Le cas Lenny Joseph, toujours Grenoblois aujourd’hui, mérite également d’être évoqué. Le club souhaitait vendre son attaquant qui arrivera en fin de contrat à l’issue de la saison et qui ne devrait a priori pas prolonger. Des offres insuffisantes sont arrivés de Championship (Swansea, les noms de Norwich et Bristol City ont également circulé). Le club italien de Lecce (Série A) a selon nos informations formulé une offre jugée satisfaisante par Grenoble, mais c’est le joueur qui n’a pas donné suite. Toujours selon nos informations, il a également été question en toute fin de mercato d’un départ du joueur pour le Paris FC. Un deal Joseph + somme d’argent contre Jabbari aurait ainsi été proposé, sans suite.
Pour conclure deux constats sur des éventualités qui avaient été évoquées en fin de saison dernière mais qui n’ont pas été réalisées :
– Avec 5 arrivées pour seulement 4 départs (si on ne compte pas Jarjou), Grenoble n’a pas réduit son effectif. Avec 4 journées de moins de championnat, certains éléments offensifs risquent de peu jouer, il y aura donc une gestion humaine importante à mettre en place. Il ne serait à ce titre pas étonnant de voir un joueur partir d’ici la fin du championnat.
– L’élément offensif d’expérience n’est jamais arrivé. Par manque d’opportunité ou parce que la baisse des droits TV a empêché un investissement salarial qui aurait été plus conséquent que ce que Grenoble se permet habituellement ? Le manque de caractère déploré l’an passé devra donc en tout cas se régler autrement.