Joueur culte dans l’histoire du GF38, Hervé Milazzo retrouvera Grenoble ce samedi en coupe de France puisqu’il entraîne désormais l’ASIM, l’AS Illzach Modenheim, club de R1 qui se dressera devant les joueurs de Vincent Hognon lors du septième tour. L’ancien taulier de la défense alpine au tournant des années 2000 est revenu pour nous sur son histoire grenobloise. Entretien.

Bonjour Hervé, peux-tu déjà rappeler à nos lecteurs de quand date ton expérience grenobloise ?

J’ai fait quatre saisons entre 1999 et 2003, deux saisons en National et deux saisons en Ligue 2.

Comment es-tu arrivé à Grenoble ?

C’est Alain Michel qui m’a fait venir. Grenoble était monté de CFA en National après la refonte entre Norcap et l’Olympique Grenoble Isère qui avait donné naissance à un nouveau club si je me souviens bien (le GF38 créé en 1997 était effectivement monté en National à l’issue de sa seconde année d’existence, ndlr). Moi j’avais fait toute ma carrière seniors au FC Mulhouse jusque là (166 matchs entre 1994 et 1999) et j’avais joué contre lui quand il était encore à Louhans-Cuiseaux, le club qu’il entraînait avant son arrivée à Grenoble. Il m’avait donc vu à l’œuvre en tant qu’adversaire et souhaitait m’avoir dans son équipe.

Comment t’avait-on vendu le « projet » à l’époque, alors que Grenoble accédait tout juste en National ?

On m’a dit qu’on était sur une refonte du club et qu’il y avait l’ambition de remonter en Ligue 2. Qu’on mettait en place des infrastructures et des structures par rapport aux jeunes. Un discours ambitieux qui m’avait plu.

A 24 ans, et avec déjà une solide expérience, tu pouvais en plus t’inscrire sur la durée…

C’est vrai qu’en commençant à 19 ans j’avais déjà quelques années de vécu à bon niveau, en Ligue 2, derrière moi quand je suis arrivé et que je pouvais être intégré dans un projet à moyen terme.

Tu connaissais des joueurs à ton arrivée ? Comment s’est passée ton intégration ?

Je connaissais Raphaël Camacho avec qui j’avais été en équipe de France chez les Cadets à l’époque. Lui jouait à Bordeaux. Et mon intégration s’est extrêmement bien passée. J’ai été reçu par Olivier Saragaglia, Alain Colacicco. On s’est très vite bien entendu, on allait prendre notre café ensemble après les entraînements. L’adaptation s’est vraiment faite très naturellement. Je me suis rapidement senti chez moi à Grenoble.

Vous vous êtes vite trouvés entre éléments « défensifs » !

Tu ne crois pas si bien dire ! En fait quand je suis arrivé j’ai d’abord logé à l’hôtel, un Campanil mais je en sais plus précisément où il était, et j’étais déjà à ce moment-là avec Cyrille Courtin (son partenaire « historique » en défense central au GF38, ndlr) qui avait aussi rejoint le club cet été là en provenance de Beauvais. Lui était avec sa femme, la mienne n’est pas venue tout de suite et m’a rejoint par la suite. Il y avait d’autres joueurs aussi mais je ne me souviens plus des noms donc je ne veux pas te dire de bêtise. En tout cas ça a permis de créer des liens très vite. Des fois certaines choses ne s’expliquent pas trop et là, dès les premiers jours de mon arrivée, j’ai créé des affinités qui sont peut être aussi une des raisons de la réussite sportive derrière et de la bonne entente sur le terrain. La mayonnaise a bien pris comme on dit. Et même quand j’ai trouvé mon appart on continuait à se voir en dehors pour poursuivre nos petites habitudes crées lors de cet été à l’hôtel.

Petite parenthèse : en ce temps là vous aviez à charge de trouver votre logement ou le club vous filait un petit coup de main ?

Moi à l’époque c’était Alain Fessler directement qui m’avait aidé à trouver mon appart.

Hervé Milazzo : « On s’est fait une promesse »

Cette première année en National est globalement satisfaisante en termes de résultat et de jeu proposé mais elle se termine par une grosse déception…

Oui puisqu’on échoue dans la montée en Ligue 2 lors du dernier match à Angers, devant plus de 15 000 personnes. On se fait égaliser dans les dernières minutes et j’ai souvenir que Cyrille Courtin a une toute dernière occasion mais stoppée par le gardien adverse.

Mais le souvenir qui me marque le plus sur ce match c’est quand on est reparti dans le bus on s’est regardé avec les mecs en se disant qu’on ne pouvait pas rester là-dessus et qu’il fallait qu’on continue tous ensemble – même si la décision appartenait aussi au club bien sûr – parce que cette fin de saison là on avait enchaîné les victoires (8 en 10 matchs avant le SCO dont 7 consécutives). Au fond du bus on discutait, on ne savait pas ce qu’on allait faire, mais on s’est fait presque une promesse en se disant qu’on ne pouvait pas finir comme ça.

Et la saison suivante vous grimpez en Ligue 2 avec quelques nouvelles arrivées marquantes…

Oui de mémoire il y a Laurent David notamment qui nous a rejoint et puis notre « pépite » qui arrive à ce moment-là, Mickaël Dogbé ! L’histoire est dingue d’ailleurs. Le souvenir que j’ai c’est que Claude Bakadal demande à Alain Michel si Mika peut venir s’entraîner avec Grenoble quelques jours et là on voit un joueur… On se dit « c’est qui ce phénomène ». Il allait à 2000 à l’heure c’était incroyable. Il a fait tout de suite impression avec la réussite qu’on lui a connu par la suite (en deux saisons avec le GF38 MD marquera 26 buts).

Et plus particulièrement sur cette deuxième saison on est resté sur notre dynamique de la fin de saison précédente. On a toujours été dans le haut du classement et on n’a pas trop tremblé pour assurer le retour du club en Ligue 2.

Tu as toujours eu un lien particulier avec le public grenoblois. Tu as connu deux stades il me semble, peux-tu raconter comment tu as ressenti les atmosphères de matchs pendant ton passage au GF ?

Effectivement j’ai connu un tout petit peu le Muni avant d’aller à Lesdiguières, trois-quatre matchs maximum. Au Muni c’était particulier parce que le public était loin à cause du vélodrome. A Lesdiguières c’était plus intimiste. J’y ai vécu des moments incroyables entre les matchs de coupe de France contre Saint-Etienne, contre Sochaux, contre Troyes… Il y avait une proximité avec le public… une ambiance parfois folle et c’est vrai que j’ai assez vite été proche de ce public là qui a aimé le fait que je ne trichais pas et j’ai conservé tout au long de mon passage un lien très fort avec eux.

Tu évoques certains matchs de coupe mémorable, quels sont les grands moments que tu retiens plus spécifiquement de tes quatre saisons au club ?

Sur un match c’est le dernier match à domicile lors de la saison de la montée en Ligue 2 (Grenoble s’incline alors face à Istres 4-2 mais Hervé marque sur coup-franc, ndlr) avec un feu d’artifices final, on a dignement fêté ça. C’était des moments incroyables. Pour l’anecdote, comme j’y repense, j’habitais à 50 mètres du stade Lesdiguières et je mettais moins de temps pour être chez moi après les matchs que mes coéquipiers pour aller chercher leur voiture (rires).

Hors coupe de France je pense que la plupart des bons souvenirs restent en National parce qu’on jouait le haut du classement. Après nous faisons deux saisons correctes en Ligue 2 mais avec moins de choses mémorables pour moi.

La montée en Ligue 2 coïncide aussi avec le (court) départ d’Alain Michel (et de Jean-Pascal Yao) à Saint-Etienne. Est-ce que tu as vécu ça comme la fin d’une belle histoire compte tenu des liens qu’il pouvait y avoir ?

En toute honnêteté quand il était parti j’ai vécu, le groupe a vécu, ça comme la fin d’une histoire. On avait vécu des choses extrêmement fortes avec lui. Son départ à Sainté était tout à fait compréhensible, dans ce milieu là on sait en plus que joueurs et entraîneurs ne s’inscrivent la plupart du temps que sur une durée courte avec un club. Mais ce n’est pas pour ça qu’on est insensible quand ça se produit.

Son passage à l’ASSE est court, celui de Marc Westerloppe à Grenoble aussi. Est-ce qu’inconsciemment le fait de savoir Alain Michel libre n’a pas pesé dans vos résultats les dernières semaines de MW avec quelques claques mémorables ?

Très sincèrement je ne me souviens pas de si on en parlait dans le vestiaire. On savait bien sûr qu’il avait été viré de l’ASSE mais c’était une période où il n’y avait pas internet, les réseaux sociaux et toutes les rumeurs qui vont avec pour savoir si un entraîneur est menacé, si on parle du nom de son possible remplaçant ou des choses comme ça.

Est-ce que tu as des regrets sur ta fin de parcours avec Grenoble ?

Des regrets oui et non. J’étais en fin de contrat et j’avais été blessé quelques semaines après un match à Clermont en février ou mars. J’ai une fracture du pied. Je ne joue pas pendant 6 semaines je crois avant de faire mon retour en fin de saison. J’aurais aimé continué l’aventure oui, je me voyais même finir à Grenoble, mais c’est ce qu’on disait tout à l’heure sur les entraîneurs et les joueurs qui passent, on sait que cela fait partie du métier.
Le match où je reviens j’étais remplaçant, ce qui est normal pour un retour et j’ai le souvenir de mon échauffement derrière le but à proximité des Red Kaos qui me revient pendant que je te parle. C’est quand même une sacrée aventure que j’ai vécu avec Grenoble.

« Les liens restent forts avec ces mecs là »

Les liens ont d’ailleurs l’air d’avoir un minimum perduré au fil des années…

Oui il y a des sms, des whatsapp des tout ce que tu veux avec Micka (Dogbé), Robert (Malm), Micka Ravaux, Rapha Camacho. J’ai encore des contacts avec Laurent David aussi, qui était mon témoin de mariage, mais qui deviennent plus éloignés chacun a ses activités à mener. Mais si les appels sont plus lointains, les liens restent forts avec tous ces mecs-là.

Après l’élimination en coupe de France avec Biesheim contre Grenoble en 2018 Max (Marty) m’a invité à un match au stade des Alpes où j’ai pu aller voir les RK aussi. J’ai découvert le stade ce jour là d’ailleurs. Là aussi je me suis rendu compte que même 15 ans après il y avait toujours quelque chose. Forcément c’est particulier… Cela veut dire que les choses ont bien été faites et moi en tout cas cela me touche beaucoup parce que ce sont des joueurs, un club, des supporters qui ont énormément compté.

Tu suis toujours les résultats de l’équipe ?

Grenoble fait partie des clubs dont je regarde tout de suite les résultats. Après au club hormis Max et Fred Guéguen avec qui j’ai joué pendant 2-3 ans je ne dois plus connaître grand monde je pense. En terme de joueurs vu notre âge avancé il n’y a plus personne (rires).

Comment tu vois le match de coupe de France de samedi ?

En toute objectivité, ça va être TRES compliqué pour nous. Mais ça reste un match de foot. Je connais la mentalité des Grenoblois… Mais la petite chance qu’on aura on va essayer de la jouer au maximum même si l’écart de 4 divisions parait très important. Quand on parle d’exploit en coupe de France ça serait un véritable exploit.

Tu as rejoint l’ASIM cet été. Qu’est ce qui a motivé ta décision ?

C’est un club où j’avais joué pendant 3 ans. Les personnes qui étaient en place quand je jouais y sont encore actuellement. Je connaissais la mentalité et les envies de faire et je savais que les infrastructures étaient très intéressantes. C’est pour ça que j’y suis retourné.

Qu’est-ce qu’on t’a fixé comme objectif ?

Essayer de jouer la montée sur les trois ans à venir. Notre début de saison est bon avec cette qualification pour le septième tour de la coupe de France et une première place au classement avec un bilan de 5 victoires et 1 défaite lors des six premières journées.

On va rentrer dans les mois où on commence à avoir les terrains gras, les blessures, les suspensions… C’est là où on va se rendre compte si l’effectif qu’on a mis en place va nous permettre de jouer les premiers rôles.

Peut-on attendre une belle ambiance samedi ?

J’espère ! Grenoble c’est de la Ligue 2 et cela devrait attirer du monde. Ce sera d’ailleurs une première dans l’histoire du club.

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