Après plusieurs saisons au purgatoire, le retour du Grenoble Foot 38 dans le monde professionnel était celui, si ce n’est de tous les dangers, de beaucoup d’incertitudes. Le promu isérois l’a au final plutôt bien négocié, mené par un nouveau guide, Philippe Hinschberger. Retour sur l’impact du technicien sur « son » GF38.
Une intégration rapide
La réussite du nouveau staff – on n’oublie pas l’apport de Francis de Percin auquel on consacrera un paragraphe – repose en premier lieu sur sa capacité à s’être fondu dans le moule grenoblois. Hinschberger arrive dans un climat de défiance. Dans l’incompréhension quasi-générale, Olivier Guégan a été démis de ses fonctions après deux montées de rang. Les suiveurs grondent, les joueurs frondent. L’ancien messin récolte pourtant rapidement l’adhésion de son groupe.
« Le premier stage nous a permis de le connaître un peu mieux rapidement, ainsi que Francis d’autant que les deux ont su rapidement détendre l’atmosphère. On sent qu’ils ont beaucoup de recul, ils savent être sérieux quand il le faut mais sont aussi très ouverts à la rigolade. », nous expliquait ainsi un cadre de l’équipe. La chanson hommage au GF38, avec Hinsch’ à la guitare et au chant, reste bien sûr dans les mémoires (>> paroles et vidéo). « Il a su tout de suite s’approprier le groupe et devenir proche des joueurs. Je parlais d’un côté protecteur mais il a aussi un côté presque paternel avec nous. » confirme un autre ancien de la maison.
Du changement dans la continuité
Un rapprochement rapide qui a permis de faire passer facilement son discours. D’autant qu’Hinschberger a su apporter sa touche, sans forcément tout bouleverser pour autant. A l’intersaison il envisageait par exemple une charnière haute en taille et par conséquent nouvelle. Les prestations de Maxime Spano Rahou (dont il fait son capitaine) et Eric Vandenabeele lui font revoir sa position. Les meilleurs jouent et le technicien sait s’appuyer sur la dynamique mise en place par son prédécesseur. « Philippe et Francis ont su très bien s’adapter au contexte d’une équipe qui restait sur deux montées d’affilée, en apportant une touche personnelle, au niveau du jeu notamment, tout en restant complètement dans l’esprit. Le coach a sa façon de jouer, il a ses méthodes, il les applique mais il s’est montré conscient et respectueux de ce qui avait été fait. On avait peu de joueurs qui avaient connu la Ligue 2 : il aurait pu tout bousculer mais il a fait confiance aux joueurs présents. »
Le jeu grenoblois évolue toutefois par rapport aux saisons précédentes. « Je dirais que c’est un entraîneur qui a envie qu’on joue bien au football. », nous explique un joueur. « C’est différent des autres saisons où nous avions une obligation de monter et où le résultat était le plus important, que l’on joue bien ou pas importait moins. Lui il a une identité différente à ce niveau là. »
Le GF38 est plus offensif, cherche davantage à construire. Parfois pas suffisamment aux yeux de son nouveau coach mais le spectacle a été davantage présent au Stade des Alpes, parfois au détriment de résultats domestiques mi-figue mi-raisin.
Expérience et zénitude
« Cool », « pas prise de tête », « calme ». Le champ lexical employé par le vestiaire grenoblois pour définir son entraîneur repose sur cette notion de zénitude. Hinschberger ne tombe pas dans l’euphorie ou le catastrophisme, que ce soit avec ses joueurs ou dans sa communication externe. Une attitude essentielle auprès d’un groupe très inexpérimenté. « Philippe apporte au quotidien son expérience de la Ligue 2. Il nous enlève beaucoup de pression avant les matchs. C’est quelqu’un qui discute beaucoup et qui est ouvert à la discussion quand on en a besoin. » détaille un joueur.
« Ce n’est pas quelqu’un qui va davantage crier quand les résultats sont mauvais ou au contraire nous mettre sur un piédestal après une bonne série. Il sait comment s’y prendre et son calme se reflète sur nous, ce qui est important pour un groupe où peu de joueurs avaient déjà connu la L2. » confirme un autre.
Si le GF38 a parfois semblé naïf (et son titre au fair-play peut être un des reflets de cette naïveté), il a globalement réussi à se mettre au niveau de cette Ligue 2 qu’il n’avait plus fréquenté depuis 8 ans. Les joueurs ne se sont pas enflammés quand Grenoble jouait le podium à mi-saison, tout comme ils ne se sont pas affolés après leur dynamique compliquée du début d’année 2019.
Hinschberger, premier ambassadeur du club
« Les partenaires l’adorent » nous révélait un dirigeant du club en cours de saison. Un constat qui vaut aussi pour la presse (locale ou nationale). PH suscite une forte sympathie et maîtrise bien l’art de la communication. C’est tout bénef’ pour l’image du club sur qui rejaillit l’image et la médiatisation de son entraîneur qui en est désormais son premier et plus connu ambassadeur au quotidien.
Francis de Percin, l’invité de dernière minute
L’adjoint de Philippe Hinschberger, lui aussi unanimement apprécié depuis son arrivée dans la capitale des Alpes, a bien failli ne pas être grenoblois. C’est en effet Gilles Bourges, adjoint d’Hinschberger à Metz, qui devait initialement accompagner le Lorrain au GF38, avant de finalement accepter une proposition du Qatar. Hinschberger s’est alors naturellement tourné vers celui qu’il avait côtoyé pendant quelques mois à Créteil lors de la saison 2014-2015.
Le duo fonctionne à merveille et se complète bien. « Quand il faut dire un mot un peu plus haut, Francis peut s’en charger », nous explique un joueur qui apprécie aussi les qualités d’écoute de l’adjoint. Avec 25 joueurs dans le groupe pro’, il a parfois fallu gérer des états d’âme. De Percin, en compagnie d’Arnaud Genty, s’est enfin aussi attelé à la vidéo, avec l’implication que l’on sait sur le chef d’œuvre de Nicolas Belvito.
Le temps de la confirmation
On a l’habitude de dire que c’est dans la difficulté que se révèlent les grands entraîneurs. Sans aller jusqu’à dire que la saison a été un long fleuve tranquille, le GF38 n’a pas non plus connu une pression excessive autour de la réalisation de son principal objectif : le maintien.
Pour marquer le GF38 un peu plus de son empreinte, Hinschberger va devoir confirmer, avec des objectifs un peu plus élevés, avec une équipe un peu plus attendue, qu’il aura également façonné un peu plus pour cette deuxième année sous son commandement.
Il lui faudra gommer certaines erreurs défensives récurrentes lors des derniers mois de compétition et peut être faire avec un public plus exigeant si les résultats à domicile ne s’améliorent pas un peu l’an prochain.
Le métier d’entraîneur est une remise en question permanente. Après une première saison réussie, les compteurs sont à remis à zéro. Le sherpa grenoblois connaît son défi : aider Grenoble à franchir le cap qui le sépare encore des sommets du football français.
[…] une excellente entame de championnat avant de progressivement rentrée dans le rang, l’équipe de Philippe Hinschberger semblait avoir fait un pas décisif vers le maintien après sa victoire contre Pau (1-0) suivie […]