La fin de saison du GF38 approche et avec elle va se poser la question de l’entraîneur pour la saison prochaine puisque Franck Rizzetto ne s’était engagé que sur le très court terme avec Grenoble. Le technicien, qui a fait part de son envie de rester dans les Alpes, apporte un certain nombre de garanties.
Un bilan comptable mitigé mais à nuancer
En 13 matchs à la tête du GF38, le Montpelliérain a pris 16 points, soit une moyenne de 1,23 points (soit 42 points ramené à une saison complète). Sans Rizzetto, les Isérois avaient pris 1,36 points depuis l’entame de la saison, périodes Tanchot et Guéguen cumulées. Voilà pour le bilan chiffré brut qui est donc jusque là moins bon, même s’il reste deux journées pour le rééquilibrer.
Il convient toutefois de le relativiser. Doublement. Déjà parce qu’un des objectifs depuis quelques semaines est de préparer la saison prochaine, en se passant donc de certains éléments qui vont partir et en testant les complémentarités et les formules. Ensuite, et surtout, parce que le calendrier n’a pas fait de cadeau à l’entraîneur avec un déplacement à Metz pour ses débuts et des confrontations face à toutes les équipes de tête par la suite (Lorient, Paris FC, Dunkerque, Guingamp…). Depuis son arrivée, Rizzetto s’est ainsi confronté à 7 des 8 premiers du classement – il ne manque qu’Annecy qui sera au menu de la dernière journée. La moyenne de points de FR uniquement face aux équipes derrière lui au classement est par exemple de 1,5.
En résumé, s’il est logique de prendre en compte les résultats d’un entraîneur pour dresser son bilan, il semble aussi nécessaire de les analyser un peu plus dans les détails et de ne pas se contenter d’une lecture brute des chiffres.
Un besoin de stabilité
Depuis la fin de l’ère Hinschberger, aucun des entraîneurs qui a pris place sur le banc dauphinois n’a réussi à faire l’unanimité en interne, pour différentes raisons. Après quelques mois à Grenoble, les échos sur Franck Rizzetto sont bons. Dans les bureaux, au sein de son groupe, auprès des partenaires… l’avis est unanime : l’homme est agréable, l’employé « corporate » et non conflictuel.
Presque « trop ». Ce qui a un peu surpris le vestiaire grenoblois à son arrivée. Mais l’adhésion au(x ) discours de l’entraîneur s’est faite naturellement et progressivement – la célébration du but de Théo Valls à Bastia en est une des plus récentes démonstrations. La « poigne » de l’ancien adjoint de Der Zakarian à Montpellier s’est également raffermie au fil des semaines. On peut également être rassuré de l’état d’esprit global affiché par son GF38 en cette fin de saison. Tout n’a pas été irréprochable, mais le groupe n’a pas terminé en roue libre comme on pouvait le craindre.
En résumé, Franck Rizzetto s’est parfaitement intégré à son nouvel environnement. Pas un élément décisif pour être prolongé mais un argument qui peut faire partie d’une réflexion. Aujourd’hui on a un entraîneur qui connait les forces et les faiblesses d’un groupe qui ne devrait pas être révolutionné cet été – qui se fond bien et s’entend bien avec son staff, qui est apprécié de ses dirigeants. Une nouvelle tête obligerait forcément à repartir de zéro sur tous ces aspects là, avec les incertitudes inhérentes à un nouveau départ.
Des promesses dans le jeu ?
Des résultats corrects, l’assurance de gagner du temps dans la préparation de l’année prochaine, une intégration réussie au sein du club, une capacité à faire progresser les jeunes joueurs… Et le jeu dans tout ça ?
Grenoble est devenu un club de Ligue 2 qui se maintient bon an mal an au fil des saisons, sans parvenir à séduire un public plus large et suscitant même du détachement de certains fidèles, lassés par les exercices sans passion qui s’enchaînent. Plus que par ses objectifs qui sont parfaitement entendable à ce stade de sa (lente) structuration, le GF38 s’est « ventremouisé » par la manière, sur comme en dehors des terrains.
Ce que la plupart des supporters grenoblois attendent, au-delà d’un retour en Ligue 1 qui semble aujourd’hui prématuré, c’est du plaisir, du lien, une équipe dans laquelle se reconnaître. Peu importe finalement le profil qui prendra place sur le banc alpin la saison prochaine, que ce soit un vieux loup de mer rompu aux joutes de la Ligue 2 ou un jeune aux dents longues. Il faudra qu’il insuffle une identité et que le club lui donne les moyens (dans la limite de ses finances) de le faire avec des profils adaptés sportivement et humainement.
Est-ce que pendant ces quelques mois Franck Rizzetto a montré qu’il pouvait imposer sa patte, ses idées et que ces dernières pouvaient apporter un peu d’éclat après des saisons finalement bien ternes ? Chacun jugera bien évidemment selon ce qu’il a ressenti ou ce qu’il a vu.
A notre sens, tout en s’appuyant sur ce qui avait bien marché avant son arrivée – qui peut très principalement se résumer aux pistons Xantippe et Delos – l’entraîneur grenoblois a tenté de structurer son équipe autour d’une envie de jouer sur le déséquilibre (on attaque à plus quitte à se mettre un peu plus en danger défensivement pour grossièrement synthétiser) qui, si elle est loin d’avoir toujours porté ses fruits, a ponctuellement affiché d’intéressantes promesses pour la suite même si l’animation offensive reste un perpétuel chantier à ce jour.
Franck Rizzetto s’est-il mérité une chance ? Voilà la question que vont devoir, que ce sont sans doute déjà posée les dirigeants grenoblois. A notre sens : oui, en réussissant à garder concerné son groupe, en obtenant des résultats satisfaisants avec un calendrier relevé, en s’intégrant très bien à son nouvel environnement, en apportant une vision fraîche qu’on aimerait voir s’installer sur la durée, avec des profils de joueurs en adéquation. Une option qui permettrait aussi de supprimer le potentiel « risque » inhérent à tout nouvel arrivant.