Les routes de Florian Michel et de Ruben Aguilar se croiseront peut être à nouveau ce mercredi, au Stade des Alpes, à l’occasion du match de coupe de France entre le GF38 et l’AS Monaco. Les deux joueurs ont déjà beaucoup partagé et présentent de nombreuses similitudes, de leurs jeunes années à leur histoire récente. Destins croisés.
Un peu plus d’un an sépare « Flomich » (mars 1992) de Ruben Aguilar (avril 1993). Le CV du second, entre sélection en équipe de France et expérience en Ligue 1, est également difficilement comparable avec lui du premier, dont le premier contrat pro’ remonte à la saison passée.
On ne peut s’empêcher, pourtant, de voir dans le parcours des deux Isérois de nombreux points communs.
Florian et Ruben ont déjà longtemps partagé le même maillot : à Saint-Siméon de Bressieux (Michel avait également évolué à Izeaux dans un premier temps), à la Côte Saint-André puis au Grenoble Foot 38.
Des jeunes années durant lesquelles les deux impressionnent. Vincent Di Stefano, aujourd’hui joueur à Rumilly Vallières (N2) les a d’abord affronté puis les a côtoyé au FCSA et au GF. Il se souvient. « Déjà, quand on s’affrontait dans les plateaux débutants, puisque on était tous du même secteur avec David Douline et Léo Letare également, on savait qu’il y avait un truc.
Avec Flomich on savait qu’il y avait un extraterrestre à Izeaux puis ça s’est confirmé à Saint-Siméon, à la Côte et à Grenoble. C’était « le phéno », qui avait des facilités techniques incroyables et une grande capacité d’élimination. Ruben avait un profil différent. C’était le patron en jeunes ! Technique, volume, coup de pieds arrêtés, puis suite à son repositionnement latéral (il était à la base milieu, ndlr), d’abord de temps en temps en U16 Nat puis définitivement en U18, il est devenu un piston infatigable avec la grinta qu’on lui connaît. »
Réussir avec les autres, pas au détriment
Aguilar et Michel collectionnent alors les compliments de leurs entraîneurs successifs et les bons résultats, avec en point d’orgue une finale du championnat de France U19 face au Paris Saint-Germain, pour laquelle ils étaient tous les deux titulaires. Reconnus pour leurs qualités sportives, les deux jeunes hommes marquent aussi par des qualités humaines appréciables et appréciées ! Mathieu Cianci, dirigeant de l’équipe U19 du GF38 à l’époque, témoigne.
« Ruben et Flo font partis de ces garçons dont on est heureux de la réussite car on peut s’en servir d’exemple auprès de ses joueurs. Ce sont deux garçons qui n’ont jamais essayé de réussir au détriment des autres mais plutôt avec les autres. Même si Ruben était d’un tempérament plus extraverti en dehors du terrain, ils avaient pour point commun d’être de vrais compétiteurs sur un terrain qui ne lâchaient jamais rien et ce malgré leur physique qui dénotait un peu du standard « centre de formation ». Enfin se sont deux garçons avec un ancrage familial qui leur a apporté des valeurs et qui font qu’ils n’oublient pas d’où ils viennent et les personnes qu’ils ont rencontré sur leur chemin. »
Le technicien souligne un point important, qui va accompagner les deux Isérois dans leur parcours en seniors : « des compétiteurs qui ne lâchent rien ». Un parcours que l’on pourrait qualifier de sinueux.
Les chemins d’Aguilar et Michel se séparent après le dépôt de bilan de Grenoble. Le premier prend la direction de l’AS Saint-Etienne. Le deuxième franchit le pas pour intégrer l’équipe fanion dauphinoise qui repart en CFA2, gagnant au passage ses galons de chouchou du Stade des Alpes.
Les années passent et les deux finissent par reporter le même maillot, lors de la saison 2013-2014. Aguilar n’aura jamais réellement eu sa chance à l’ASSE. A Grenoble, il évoluera même d’abord avec l’équipe réserve, en Ligue. Bien loin de ses rêves de professionnalisme. Flomich ne parvient lui pas à franchir un cap et à gagner ses galons de titulaire indiscutable. En fin d’année il quitte le club pour rejoindre le FC Bourgoin-Jallieu. Là aussi le monde pro’ paraît bien loin. Et pourtant…
Et pourtant on se retrouve 7 ans plus tard avec d’un côté un Michel revenu sur la pointe des pieds à Grenoble mais qui a su séduire Philippe Hinschberger et son staff, signer un premier contrat pro et devenir un « vrai joueur de Ligue 2 ». De l’autre un Aguilar qui est tout simplement devenu un des meilleurs latéraux français entre ses passages à Auxerre, Montpellier et désormais Monaco. Ses prestations ont fini par être récompensées par sa première sélection avec l’équipe de France.
Florian Michel et Ruben Aguilar n’ont pas eu un parcours classique. Mais à force de travail et de persévérance ils ont su atteindre leur objectif. Les gamins de Saint-Siméon de Bressieux rêvaient d’être professionnel et de grandes affiches de coupe de France. Et le plus beau dans tout ça ? C’est qu’aucun des deux n’a réellement changé…