Steven Pinto Borges a décidé de raccrocher les crampons en 2022 après notamment un passage au GF38 entre 2014 et 2018. Désormais délégué régional auprès de l’Union Nationale des Footballeurs Professionnels (UNFP), l’ancien grenoblois est revenu sur sa reconversion dans entretien « long format ».

En juillet 2014, tu débarques au GF38 en provenance de Carquefou. Tu vas disputer quatre saisons sous le maillot grenoblois (de 2014 à 2018) et connaître deux montées (en National puis en Ligue 2). Quels souvenirs gardes-tu de ton passage à Grenoble ?

« C’était des années exceptionnelles ! J’ai eu la chance de connaitre deux montées donc forcément ce n’est pas anodin. On avait un super groupe en plus avec des joueurs qui tiraient tous dans le même sens. Mes deux premières années au club, on n’est pas passé loin de l’accession en National donc forcément il y avait un peu de déception à ce moment-là. Pour autant, cela n’a jamais entaché ma relation avec le public grenoblois. Je pense qu’ils ont vu que je n’ai jamais triché avec ce maillot. Etant vice-capitaine lors des deux montées, j’avais également pour rôle de fédérer et d’emmener les plus jeunes avec nous vers cet objectif d’accession. C’est vraiment un passage de ma carrière qui m’a marqué ! ».

Après ton aventure au GF38, tu vas connaitre une expérience en Belgique avant de revenir dans les Alpes du côté d’Annecy. Peux-tu me parler de cette fin de carrière qui va être déterminante pour ta reconversion ?

« Après des saisons pleines à Grenoble, j’ai eu une proposition de l’Union Saint-Gilloise avec un beau projet qui ne se refuse pas sur une fin de carrière. J’ai donc quitté le GF38 avec le sentiment du devoir accompli ! J’ai notamment disputé une demi-finale de coupe de Belgique avant de rentrer en France au bout d’un an pour pouvoir préparer sereinement la suite. Je me suis dit que ma reconversion serait plus facile qu’en restant une année supplémentaire en Belgique. J’ai donc rejoint le FC Annecy avec un rôle similaire à celui que j’avais connu au GF38 : fédérer le groupe et faire monter le club. J’ai vécu de très belles années là-bas avec deux montées également. Je me sentais alors encore bien physiquement et j’avais des propositions pour poursuivre ma carrière mais j’ai préféré commencer à me projeter sur la suite et penser à ma reconversion. »

Tu vas débuter cette reconversion au sein du FC Annecy. Quelles étaient tes missions au sein du club annécien ?

« La direction annécienne souhaitait que je reste à Annecy à la fin de ma carrière. J’ai pu réaliser différentes missions au sein du club pour définir ce qui me correspondait le mieux. Outre mon rôle d’éducateur auprès des U16, je travaillais au sein de la cellule de recrutement. Beaucoup de joueurs qui évoluent actuellement au sein du groupe professionnel ont été recrutés à ce moment-là. Ces rôles me plaisaient mais la précarité actuelle du football me faisait peur. Et puis, je ne souhaitais également pas quitter Annecy donc une carrière d’entraineur professionnel était de ce fait compromise. Si tu n’es pas performant tu es viré donc tu dois trouver un autre club et si tu es performant tu as des propositions pour entrainer ailleurs. Je souhaitais donc trouver quelque chose de plus stable en adéquation avec ma vie familiale ».

C’est ainsi que ton après-carrière va prendre un tout autre chemin avec ce rôle de délégué régional auprès de l’UNFP. Qu’est ce qui t’as motivé à rejoindre ce syndicat ?

« L’UNFP était à la recherche de quelqu’un de bienveillant qui accordait beaucoup d’importance au côté humain. Dans un vestiaire, j’ai toujours eu ce rôle de grand frère en étant à l’écoute de mes coéquipiers quand ils en ressentaient le besoin donc c’est quelque chose qui me parlait. Et puis, en tant que joueur, j’étais adhérent au syndicat parce que je comprenais son utilité. Mon responsable actuel m’avait donc demandé d’être « délégué club » sur ma dernière année à Annecy c’est-à-dire de représenter les joueurs auprès du club. J’ai progressivement eu ce rôle d’intermédiaire avec l’UNFP ce qui a permis à mon responsable d’apprendre à me connaître davantage. Le feeling est bien passé et c’est ainsi que cette nouvelle aventure a débuté ! »

Comment pourrais-tu qualifier l’UNFP et son apport pour les joueurs ?

« Notre rôle est multiple pour les joueurs. On veille à leur bien-être et au respect de leurs conditions de travail. On est également un peu la voix des adhérents. C’est évident qu’un joueur individuellement ne va pas aller se défendre à Paris. C’est pour cela qu’on met en place un large panel de services pour leurs venir en aide. Outre notre service juridique, on a un service de sensibilisation portant notamment sur le dopage et les paris sportifs ou encore un service de reconversion et de formation pour qu’ils puissent anticiper leur après-carrière. À ce titre, une des actions du syndicat est la mise en place d’un pécule à hauteur de 9500 € par année pour assurer un montant aux joueurs au moment de raccrocher les crampons. On a parfois eu certaines tensions avec les clubs comme avec le GF38 lors de mes débuts en tant que délégué régional. Pourtant il faut bien comprendre que le rôle de l’UNFP n’est pas d’embêter les clubs et d’ailleurs Grenoble l’a compris par la suite. On est conscient des problématiques qu’ils peuvent rencontrer et on mène parfois des actions pour les aider également. Forcément, chacun est dans son rôle ce qui mène parfois à des frictions mais dans la plupart des cas nos échanges sont constructifs. Outre les clubs, notre domaine d’intervention comprend les problèmes rencontrés par un joueur avec son agent ou lors de son départ à l’étranger ».

Tu interviens également auprès des jeunes en centre de formation. Quels sont les objectifs de ces échanges ?

« Au-delà des problématiques similaires à celles des joueurs professionnels, le principal objectif est d’alerter et de sensibiliser. En effet, ils commencent à être démarchés par des agents donc on va mettre en place toute une sensibilisation autour de cela. On est davantage dans la prévention pour qu’ils puissent démarrer sereinement leur carrière de footballeur ou évoquer les autres voies possibles s’ils ne parviennent pas à faire ce métier par la suite. J’aime aller à la rencontre de ces jeunes parce que je sais malheureusement les dégâts qu’ils peuvent subir sans accompagnement ». 

Une des actions phares de l’UNFP est l’organisation du stage de pré-saison à destination des joueurs adhérents au syndicat et n’ayant pas encore trouvé de club pour la saison prochaine. Peux-tu nous en dire plus sur l’intérêt de celui-ci qui débute ce lundi ?

« Ce stage je l’ai vécu en tant que joueur donc je sais que son apport est immense. J’ai évolué avec le sélection portugaise espoir puis j’étais titulaire très jeune avec Guingamp. Pour autant, je n’ai pas fait les efforts qu’il fallait ensuite et je me suis retrouvé sans club. J’ai donc participé à ce stage qui m’a servi à me remettre en forme mais surtout à avoir un déclic. J’encadre aujourd’hui ce stage avec deux autres délégués régionaux pour venir en aide aux joueurs sans contrat.  On va mettre à leur disposition : un préparateur physique diplômé (Olivier GUILLIER), un entraineur des gardiens (Yassine EL KHAROUBBI), un entraineur professionnel (Laurent PEYRELADE), des matchs amicaux pour leur offrir des conditions de stage similaires à celles d’un club professionnel.  L’objectif est de leur permettre de jouer contre des écuries professionnelles pour qu’ils puissent se montrer et décrocher un nouveau contrat si leurs prestations le permettent. Le syndicat va également donner de la visibilité à ce stage par le biais de reportages, d’interviews et de vidéos pour mettre en lumière les joueurs. C’est une exposition médiatique qui est déterminante également ! »

Je te sens pleinement épanoui dans ce rôle de délégué régional auprès de l’UNFP. Est-ce que c’est quelque chose que tu envisages de poursuivre dans les années à venir ?

« Tout à fait ! C’est un rôle que j’apprécie énormément parce qu’il me donne la possibilité de faire le bien autour de moi et d’aider les autres. C’est également un rôle stimulant dans lequel j’apprends beaucoup de choses. Tu es amené à régler certains conflits par le dialogue et il y a dès lors une forme de défi avec une finalité qui est identique dans chaque cas : le respect des droits des joueurs. On joue un rôle central en ce qui concerne les joueurs mais également le foot dans sa globalité. Tout cela fait que je m’y vois bien dans les années à venir »

On a beaucoup parlé de ta reconversion pour autant ta carrière de joueur n’est pas terminée. Tu as même pu permettre à ton nouveau club (Poisy) d’accéder au plus haut niveau départemental cette saison. Comment vis-tu le fait d’évoluer à un niveau amateur après une longue carrière professionnelle ?

« Je ne sais pas si celle-là compte mais si c’est le cas alors c’est ma sixième montée (rires). Le club n’arrivait pas à accéder au plus haut niveau départemental, notre coach n’avait jamais vécu une montée donc forcément c’était un moment sympa. Je suis venu à Poisy avec l’envie de partager mon expérience. C’est parfois compliqué de jouer au niveau départemental quand tu as connu le monde professionnel. Autant j’ai déjà évolué contre des anciens supporters du GF38 avec lesquels je n’ai eu aucun problème, autant je rencontre des adversaires  sur certains matchs qui se mettent à plusieurs sur moi et là c’est dur. Je prends des coups avec des gestes qui ne sont parfois pas maitrisés. J’arrive quand même à passer outre et prendre du plaisir. C’est le plus important. Je rempile donc pour une saison supplémentaire l’an prochain avec l’objectif d’accéder au niveau régional dans un coin de ma tête ».

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