Souvent cantonnés à des interviews avant les rencontres ou des conférences de presse d’après-match, nous avons décidé de bouleverser ces habitudes pour vous proposer, pendant la trêve, une interview plus longue réalisée avec le coach du GF 38, Olivier Guégan. Un entretien où l’entraîneur grenoblois revient sur son parcours et évoque de nombreux sujets différents autour du football.
Revenons au tout début de l’histoire, quand et comment avez-vous su que vous voudriez devenir footballeur ?
Tout petit, le football, c’était ma passion et je voulais à tout prix devenir professionnel. Je m’en suis donné les moyens en intégrant le centre de formation d’Angers à 16 ans. J’étais natif de la région parisienne et je suis donc parti à Angers pendant cinq ans durant lesquels j’ai fait ma formation. J’ai fait deux ans en tant qu’aspirant puis trois ans comme stagiaire avant de devenir professionnel. À l’époque, on avait aussi le service militaire à faire. Donc j’ai dû retourner en région parisienne : c’était une année compliquée parce qu’on ne vit pas avec l’équipe et le club. Mais après ça, ma carrière était lancée.
Le football, c’était une évidence ?
De la même façon que je savais, lorsque j’étais joueur, que je voulais devenir entraîneur, tout petit, je savais déjà que je serai footballeur professionnel. C’était une passion mais surtout je vivais football. Encore aujourd’hui : chez moi, même quand j’ai des temps de repos, d’échappement, je vis football. Je n’étais pas supporter en revanche même si j’allais souvent voir des matchs au stade en région parisienne : il y avait le PSG mais aussi le Racing Club Paris avec Francescoli.
C’est à Reims que vous avez terminé votre carrière de joueur et commencé celle d’entraîneur, comment cela s’est fait ?
Quand j’ai arrêté de jouer, j’avais un projet de reconversion derrière. Lorsque j’ai mis fin à ma carrière, après une montée de National en Ligue 2, j’ai pris en charge l’équipe réserve du club qui évoluait alors en CFA 2. J’ai continué à me former et au bout de six mois, j’ai rejoint le staff d’Hubert Fournier en deuxième division. À la mi-saison, Reims était relégable mais avec le groupe professionnel, on a réussi à inverser la tendance, enclencher une vraie dynamique et on finit dixième en disputant un quart de finale de coupe. Le binôme avec Hubert Fournier marchait bien. L’année suivante, on monte en Ligue 1. Ensuite, Hubert est parti et a été remplacé par Jean-Luc Vasseur dont je suis resté l’adjoint avant de récupérer l’équipe première. J’ai fait huit ans en tout et pour tout avec ce club de Reims où j’ai quasiment tout connu. C’était vraiment très formateur.
Entraîneur d’une équipe de Ligue 1, programmée pour jouer le maintien, à 43 ans, ce n’était pas trop tôt ?
Je ne pense pas : ce n’est jamais trop tôt quand on est prêt et je l’étais. Après, il y a eu plein de facteurs qui ont grippé la machine : un groupe en fin de cycle, trop étoffé, peut-être aussi de la jeunesse de ma part dans mon management. J’étais trop exigeant et avec plus de souplesse à certains moments, ça aurait pu être bénéfique. Mais je ne regrette rien, c’était une grande expérience : déjà de maintenir l’équipe en Ligue 1 la première année. Quand j’ai été écarté de l’équipe à trois matchs de la fin, on n’était même pas relégable… Ce n’est pas une fierté, mais bon, licencier un entraîneur aussi près du but, ce n’est pas forcément ce qu’il y a de plus juste. Si ça avait dû être fait, ça aurait dû l’être plus tôt et pas à ce moment. C’est ma frustration !
Vous n’avez finalement eu aucun mal à rebondir !
J’avais des sollicitations : je venais de valider mon BEPF. Le projet de Grenoble s’est présenté et j’ai foncé. Parce que c’était Grenoble, parce que le cadre du club me faisait penser qu’il y avait quelque chose de grand à construire ici. On a réussi à instaurer une vraie dynamique la saison dernière en terminant champions de CFA. Là, on continue le travail qu’on a créé et on fera le point fin-mai.
Dans certaines interviews, vous avez beaucoup parlé du stress autour du métier d’entraîneur. Il y en a toujours en CFA, en National ?
C’est différent : en Ligue 1, il y a la pression médiatique, celle de l’entourage des joueurs aussi avec des agents qui font passer des messages par presse interposée. Il y a aussi le stress mis par les dirigeants parce que les clubs de l’élite sont des grosses machines. À notre niveau, on est davantage dans la construction donc c’est complètement différent. Mais l’essence même du football, ça reste le terrain, la compétition, que ce soit en CFA, en National, en Ligue 2 bientôt j’espère ou en Ligue 1.
Quel est votre rapport justement avec la presse ?
Ici, les médias sont surtout locaux. Je pense que ça se passe très bien depuis que je suis arrivé : les résultats font aussi qu’on est dans une bonne dynamique relationnelle, on a instauré une relation de confiance et ça se passe très simplement. Je pense qu’au niveau du club, on pourrait optimiser beaucoup plus ce côté-là par rapport à notre image aussi : si on fait le bilan de notre année 2017, elle est exceptionnelle. Je regrette juste qu’on ne valorise pas suffisamment le travail en interne : que ce soit l’équipe première, mais pas qu’eux. On travaille, on ne fait pas tout bien mais il y a des gens compétents qui veulent faire avancer le club. Le GF a besoin, c’est vital, de retrouver le monde professionnel rapidement donc il faut communiquer. Nous, on devrait communiquer beaucoup mieux sur notre produit. Ça va être mis en action rapidement j’espère, mais c’est une volonté.
Le football, on l’a bien compris, prend beaucoup de place dans votre vie. C’est aussi le cas en dehors de votre équipe ?
Le week-end, je regarde toujours beaucoup de foot. Le samedi après-midi, quand on ne joue pas, je suis le match de National, ensuite il y a la rencontre de Ligue 1 de 17h, puis le multiplexe. Je regarde également l’affiche du dimanche soir… enfin, c’est ma vie et ça fait partie du métier aussi. Parce qu’il y a toujours des choses à apprendre : des stratégies, des combinaisons sur coups de pied arrêtés. Je m’intéresse principalement le championnat français mais quand il y a une grosse affiche à l’étranger, je la regarde aussi !
Quel regard portez-vous justement sur ces championnats français ? La Ligue 1, la Ligue 2…
Ils ont beaucoup progressé et se sont vraiment professionnalisés, c’est une évidence. Les structures ont été améliorées, l’encadrement des joueurs est top : que ce soit au niveau médical ou de la préparation individualisée, il n’y avait pas tout cela à mon époque. La Ligue 2, maintenant, c’est beaucoup de jeunes joueurs avec des profils capables d’aller plus haut alors qu’avant, c’était des anciens de Ligue 1 qui venaient apporter leur expérience. En National, en CFA, on voit beaucoup de joueurs qui sortent de centres de formations et qui veulent se relancer par exemple, donc il y a des profils intéressants à aller chercher.
Il y a deux clubs dont on a pas encore parlé et que vous connaissez bien… Angers et Brest.
Angers, c’est mon club formateur, j’y ai joué huit ans donc j’y suis très attaché. C’est un club qui se structure bien grâce à sa montée en Ligue 1.
Brest, c’est le village gaulois. C’est à l’anglaise, on est coupé du monde un peu mais avec une très forte identité, un public énorme. Il faut être fort mentalement pour y performer, mais comme les Corses : on est… il y a une vraie identité. J’y ai joué cinq ans pendant lesquels j’ai été capitaine. J’ai fait cinq années de Ligue 2 et je me suis régalé. On aurait même pu monter… en tout cas ce sont certainement les meilleures années de ma carrière même si elles sont arrivées un peu tard à mon goût.
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