Grenoble a arraché un cinquième succès de rang ce samedi, sur la pelouse de Saint-Louis Neuweg (0-1). Il le doit aux nerfs solides de son buteur Edwin Maanane, qui a su transformer le pénalty décisif dans les dernières secondes du match. Il le doit à son imperméabilité défensive et au nouveau clean sheet de Brice Maubleu. Mais il le doit surtout à son entraîneur Olivier Guégan, dont les coups de poker se sont avérés payants.
La prime à la forme du moment
On a longtemps critiqué la décision de se passer de Selim Bengriba, tant pour ses qualités sportives – il n’est d’ailleurs plus sortie de l’équipe depuis son retour et n’a perdu aucun match – que pour ses qualités de guerrier.
Mais depuis la défaite à Andrézieux et les petits soubresauts qu’elle a entrainé en interne, le technicien alpin fait des choix forts. La forme du moment prime également sur le CV. Exit ainsi Nicolas Belvito pour ce match à Saint-Louis. On n’a quasiment pas vu la recrue phare grenobloise sur le pré en 2017. Et ce week-end, il ira évoluer avec la réserve. L’utilisation de l’équipe de Frédéric Guéguen, elle aussi en passe de réussir son pari d’une montée en Honneur, est à ce titre remarquable pour garder dans le rythme tout le monde. Jan Kaye, qui avait marqué en HR et se montrait convaincant lors des entraînements, a lui été intégré et à fait une rentrée correcte ce samedi.
Mais le gros coup du week-end, c’est Gherardi. Piqué au vif par sa présence sur le banc la semaine passée, l’ex-Colmar avait déjà fait une très bonne entrée contre Villefranche. A Saint-Louis, il a été étincelant tout au long de la partie, juste techniquement (en tout cas autant que possible vu l’état du terrain) et précieux pour permettre à son équipe de remonter et de poser son jeu.
Guégan dispose certes des atouts pour faire tourner, mais sa gestion psychologique de ses joueurs (on peut aussi créditer l’apport de tout le staff à ce niveau là) est à saluer. Il n’est sans doute pas non plus étranger au bon retour de Flo David, ni à la montée en puissance du jeune Dieng qui a régulièrement eu la chance de jouer depuis le début de la saison sans pour autant se griller.
« Un entraîneur qui en a »
L’expression est d’un joueur du club en équipe jeunes sur twitter. On l’a trouvée particulièrement adaptée.
L’entraîneur Guégan est encore en formation, a sans doute quelques lacunes à encore combler. Le poste suggère de toute façon l’idée d’une progression constante tout au long d’une carrière.
L’homme (et le joueur qu’il fut) Guégan a du caractère et d’indéniables qualités de meneur d’hommes. Il sait aussi prendre des décisions risquées et les assumer.
Le débat est presque aussi vieux que la présence de Grenoble en CFA : le GF38 peut-il se permettre d’aller chercher le nul à l’extérieur ou doit-il tout faire pour gagner ses matchs ?
Sur ce déplacement à Saint-Louis Neuweg, Guégan a tranché : les rentrées de David à la place de Dady (67) et de Kaye à la place de Dieng (79) et le passage en fin de match à une composition ultra offensive – même s’il a la chance de pouvoir compter sur des éléments très polyvalents, à l’image de Pinto Borges capable en un clin d’œil de se muer en latéral droit – ne laissent pas de place au doute.
Pour autant, l’option semble tout aussi réfléchie que risquée. Pour reprendre le champ lexical du poker, le technicien ne tente pas non plus un « all in » sur ce coup là. Il le sait, il l’a dit en fin de semaine : SLN, qui a joué mercredi en match en retard, risque de piocher physiquement. Les véloces David et Kaye peuvent faire mal. Prendre ce dernier plutôt qu’un Belvito moins mobile n’est d’ailleurs sans doute pas anodin.
Depuis le début du second acte, même si le match pouvait toujours basculer en faveur des locaux, la pression était très clairement grenobloise. Le choix avait du sens mais encore fallait-il le prendre, quand on sait ce qu’une défaite à SLN aurait pu avoir comme conséquences, pour son avenir personnel comme pour celui de son équipe.
On pourra toujours arguer que Guégan a bénéficié de beaucoup de réussite sur ce coup-là : le pénalty est peut-être généreux, l’énorme raté de Niang dans le temps additionnel change la donne. Mais la chance, parait-il, sourit aux audacieux.
Et, de l’audace, Olivier Guégan est assurément un entraîneur qui en a.
À Saint-Louis-Neuweg, stade de la frontière, Grenoble bat Saint-Louis Neuweg 1-0 (mi-temps : 0-0). Arbitre : M. Caffe.
But : Maanane (90e+1 s.p.)
Avertissements : Kalenga (43e), Niang (90e+4) à Saint-Louis ; Kaye (85e), Vandenabeele (90e+4) à Grenoble.
SAINT-LOUIS NEUWEG : Aissi-Kédé – Gisselbrecht, El Bounadi (cap), Niang, Saidou – Ekwe Ebele (Diampo Sengele 50e), Kalenga – Holtz (Bidouzo 79e), Jennane, Koriche – Créquit (Dartevelle 86e)
GRENOBLE : Maulbleu – Dieng (Kaye 79e), Vandenabeele, Spano, Bengriba – Pinto Borges, Sotoca, Deletraz (cap), Gherardi – Maanane (Elogo 90e+5), Dady Ngoy (David 67e)