Ses dribbles chaloupés ont souvent fait chavirer de bonheur le public du « Municipal » – le stade Charles Berty – au milieu des années 90. Le Fontainois d’origine Douadi Bounouara n’a pourtant pas porté longtemps le maillot de l’équipe fanion de l’Olympique Grenoble Isère (OGI, alors en « D3 ») mais a marqué les esprits. Nous avons rencontré « Doudou », aujourd’hui éducateur à l’OC Eybens. Interview.




Douadi, est-ce que tu te souviens de tes premiers ballons frappés ?

Oui c’était du côté de Fontaine, où j’habitais, avec mes frangins et les potes du quartier. Je n’ai d’ailleurs pris ma première licence dans un club que très tardivement puisque je devais avoir dans les 14 ans.

Le premier club, c’était Fontaine justement ?

Oui mais je n’y suis resté que deux ans. Le GF38, enfin le club ne s’appelait bien sûr pas encore comme ça à l’époque, est venu me chercher rapidement et je suis finalement resté une dizaine d’années à Grenoble, de la catégorie qu’on appelait encore les cadets à ce moment là, jusqu’en seniors.

Est-ce que tu peux nous parler de ton intégration à l’équipe fanion du club, un aboutissement pour toi on imagine à l’époque ?

D’autant plus que je n’étais pas prédestiné à l’intégrer. Pour reprendre les choses dans l’ordre j’arrive à Grenoble où je fais mes années en cadets, puis en juniors. Ma 3ème année junior j’évolue avec l’équipe 3 Seniors du club, qui était entraînée par Roger Garcin et qui disputait le championnat DH. L’existence d’une équipe 3 permettait de finir son cursus en basculant progressivement avec les seniors, c’était vraiment une très bonne chose plutôt que de se séparer trop rapidement d’un jeune pour qui on n’a pas de places en seniors, comme on peut le voir malheureusement aujourd’hui. Après l’équipe 3 j’intègre logiquement l’équipe 2, qui joue en D4 et qui est entraînée par Pierre-Jean Garcia. J’ai alors 22 ans, comme je te le disais il n’est pas du tout prévu que j’intègre le groupe de la Une mais il se trouve qu’à l’époque l’entraîneur est Eric Geraldès, qui avait à peu près le même profil que moi : petit, trapu, dribbleur et qui du coup m’a lancé dans le grand bain. On est lors de la saison 95-96 si je ne me trompe pas, c’est vraiment ma plus belle année en tant que footballeur, je me sens épanoui et sportivement on réussit une belle année en finissant 5ème du championnat.

Ton souvenir le plus marquant de l’époque ?

Sans hésitation, au Municipal, mon premier but (voir vidéo). Je n’oublierai jamais. C’était contre Ajaccio dont le gardien était Tony Silva, joueur de l’AS Monaco alors prêté au Gazelec, qui allait participer à la coupe du monde 2002.

Le meilleur joueur avec qui tu as-pu évoluer ?

Je dirais Philippe Godoy, qui était aussi un homme extraordinaire en dehors des terrains. Mais c’est une question difficile car j’ai vraiment côtoyé de très bons joueurs : Arnaud Genty, Gilles Constantinion, Dédé Djebbour… Je pourrais te citer toute l’équipe (rires).

L’histoire s’est pourtant mal finie, est-ce que tu peux nous raconter ?

En fait c’est assez simple. Si Eric Géraldès aimait bien mon profil, son successeur (Bernard Simondi) beaucoup moins. Le feeling avec lui n’est jamais passé, le relationnel n’était pas bon. Je ne prenais plus du tout de plaisir à ce moment là. Pour en rajouter une couche c’est aussi le moment où je me suis fracturé le péroné. Et j’ai fini par quitter le club à l’issue de la saison.

Avant de revenir sur la suite de ta carrière, je sais que tu as suivi et que tu suis encore avec attention le GF38 aujourd’hui. Un petit mot sur ces 20 dernières années et sur le présent du club grenoblois ?

Je n’ai pas encore eu l’occasion d’aller au stade des Alpes cette saison mais oui je suis toujours de très près le club, forcément. Sur ces 20 dernières années forcément ce qui marque le plus c’est l’accession et les deux années en Ligue 1. Mais pour moi cela fait partie des mauvais souvenirs du fait de la gestion catastrophique des Japonais à ce moment là. Mais au moins cela aura permis de voir que le place de Grenoble est en Ligue 1. Il ne faut pas se contenter de la Ligue 2, ce n’est qu’une étape. Il y a le public ici et le stade pour viser plus haut.

A ton départ de Grenoble, pourquoi avoir choisi la Vallée de la Gresse plutôt qu’un club plus lointain mais au niveau National ?

Du fait de son entraîneur Claude Converso mais aussi parce que c’était un club ambitieux. Quand j’y suis allé le club était en PHR et visait une montée en DHR. J’y suis resté 4 ans avec une montée mais malgré des places honorables à chaque fois on a un peu stagné. Cela reste de très bons souvenirs, dans un club à l’état d’esprit remarquable.

Pourquoi avoir fait le choix de Saint-Quentin-sur-Isère à l’issue de ces 4 années ?

Les déplacements me pesaient, j’avais envie d’autre chose. J’avais aussi de la famille à Saint-Quentin-sur-Isère donc le choix s’est fait facilement. Et là aussi aucun regret d’avoir rejoint le niveau district avec même une superbe aventure en coupe de France où on a réussi à atteindre un cinquième tour où l’on était le petit poucet.

L’étape suivante a été de rejoindre l’OC Eybens cette fois-ci uniquement comme éducateur ?

Il y a d’abord eu un break de quelques années. J’avais besoin de couper du monde du foot. J’étais devenu papa, je souhaitais passer davantage de temps en famille. J’ai totalement coupé pendant 5 ans. Et puis il y a 6 ans je suis devenu éducateur à l’OCE… à cause de mon fils (rires). Il a voulu jouer au foot et comme je connaissais Pierre-Jean Garcia je l’ai mis à Eybens. Une chose en entraînant une autre j’ai commencé à prendre en charge la catégorie U8 où évoluait mon fils puis je l’ai suivi lors des années suivantes. Je l’ai suivi jusqu’en U11 précisément, là j’ai dit à mes dirigeants que je ne voulais plus entraîner l’équipe où il jouait parce qu’à cet âge là on commence à rentrer dans un aspect « compétition » et que je trouvais ça plus sain qu’il soit désormais entraîné par un autre que son père.
On m’a donc confié les rênes de l’équipe U14, qui est une année spéciale puisqu’elle marque la découverte du football à 11. C’est vraiment très enrichissant et j’adore mon travail auprès de ces jeunes.
Je le dis sincèrement, tout en reconnaissant l’excellent travail des autres clubs de l’agglomération, mais Eybens c’est le club où il faut être. Il y a d’excellentes infrastructures, qui seront complétées par un synthétique l’an prochain, et parmi les meilleurs éducateurs en Isère : Najib Tebai, Ali Maatar, Joël Votte, Nicolas Balducci, Ali Mendès, Christophe Michallat… et beaucoup d’autres !

Dis nous également un petit mot sur ta carrière d’arbitre qui démarre ?

Je me suis rendu compte en tant qu’éducateur chez les jeunes que sur certains matchs nous n’avions pas toujours d’arbitre officiel. Une situation qui créée naturellement rapidement des tensions. Donc je me suis décidé à franchir le cap. Je viens tout juste de recevoir mon diplôme donc je peux commencer à arbitre les matchs seniors au plus bas niveau. C’est quelque chose qui reste rare chez les anciens joueurs, cela a d’ailleurs surpris mes collègues mais j’espère que mon exemple sera suivi. C’est extrêmement important qu’il y ait des arbitres et surtout de les respecter car leur travail n’est pas facile.

Un mot de la fin ?

Si tu me le permets j’aimerais m’adresser aux parents qui nous liront : s’il vous plait, restez à votre place. Contentez-vous d’encourager vos enfants, c’est ce qu’ils attendent de vous. Ils ont déjà des personnes pour les arbitrer et les entraîner.
C’est un message très important pour moi car l’exemplarité, l’éducation de nos jeunes joueurs, elle commence avec ça.


Douadi Bounouara
Né le 4/09/1973 à Grenoble
Profession: ouvrier monteur chez Caterpillar
Poste : Milieu offensif / attaquant.
Carrière en clubs en tant que joueur:AS Fontaine (2 ans), OGI (10 ans, centre de formation compris), La Vallée de Gresse (4 ans), Saint-Quentin-sur-Isère (5 ans, entraîneur-joueur), Caterpillar (championnat entreprise).

Le mot de Cédric Bruno (rédacteur en chef de Footisère) : « Mes premiers souvenirs remontent à quand j’avais 10 ans, Doudou vait une quinzaine d’année. On se retrouvait parfois à jouer sur le terrain stabilisé Robespierre à Fontaine. Il était très au-dessus de tout le monde, beaucoup plus rapide, il marquait toujours beaucoup de buts dans ces petits matchs entre amis. Après je l’ai revu au Stade Municipal quand il jouait avec l’OGI en National. On l’encourageait avec des « Dou-dou ». C’est quelqu’un que j’ai toujours eu plaisir à recroiser, il est très engagé et a marqué de son empreinte le football isérois. »

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