Plusieurs artistes grenoblois ont réalisé ces derniers jours cinq fresques sur les murs de la tribune Ouest du Stade des Alpes, à l’initiative du Red Kaos 94 et de GAS (Grenoble Alpes Sports = FCG et GF38), le nouveau gestionnaire de l’enceinte alpine. L’occasion de « colorer » les lieux- près de 150m² de murs gris ont bénéficié du travail des graffeurs – mais aussi pour les supporters de s’approprier davantage cet espace de vie et d’expression qu’est une tribune.

Greg « AK », Will « Killah One » et Dav « Srek » ont pu se faire plaisir mais ont surtout effectué un immense travail pendant deux semaines, avec des journées pleines et quelques sessions nocturnes pour réaliser plusieurs fresques sur la tribune Ouest du Stade des Alpes.
Les artistes, dont la renommée dépasse largement les frontières de la capitale alpine, avaient déjà pu faire observer leur talent à Grenoble à plusieurs occasions puisqu’on leur doit notamment le Lion de la Belle Électrique (devant lequel le GF38 avait réalisé quelques photos il y a deux saisons), la Marianne rue des Bergers ou encore le Caméléon secteur Villeneuve.

Pour Greg, ce projet avait une saveur encore plus particulière comme il nous l’a expliqué. « On a commencé le vendredi 11 juin pour terminer le 25, sur des journées de 8 heures pendant lesquelles on se relayait, avec quelques moments communs. Pour moi ça me tenait particulièrement à cœur de pouvoir décorer cette tribune Ouest puisque je suis également membre du RK. Je fréquente le Stade des Alpes depuis son inauguration, je fréquentais même le vieux Muni’ à l’époque, et ça me titillait de voir ces murs gris ! C’est donc une grande fierté de réaliser ce projet ici et un projet qui parle à tous les collègues avec le Dauphiné, les 3 Roses… »

Des symboles locaux qui s’affichent désormais comme une évidence sur les murs de la tribune, mais qui sont le fruit d’une longue réflexion. Le projet souhaité par le RK s’est pendant de longues années heurté au gestionnaire du stade, hermétique à l’idée. « Le brainstorming a en effet duré », sourit Greg. « Il fallait que ça plaise au foot, au rugby, au gestionnaire du stade et bien évidemment au RK qui est à l’origine du projet ainsi qu’aux artistes ! On a choisi une fibre locale où les supporters foot et rugby pourront se retrouver. Le « 1892 » fait aussi référence aux deux clubs. Après l’entrée de la tribune est plus clairement identifiée pour le groupe. »

Un groupe évidemment ravi d’avoir pu habiller les lieux comme le détaille Gerby, un des porte-parole du Red Kaos. « On avait un stade neutre, froid. On voulait le décorer, pas simplement pour faire joli, mais pour permettre aux supporters du GF38 de s’approprier le lieu, d’avoir des peintures, des fresques qui représentent notre groupe de supporters ultras, la ville, le club. »

Le groupe ultra a travaillé (et financé) main dans la main avec le nouveau gestionnaire pour pouvoir mener ce projet à terme. « Avec ce nouveau gestionnaire, on a réussi à expliquer ce qu’on voulait faire avec 4 zones plutôt neutres, qui représentent Grenoble, la ville, le Dauphiné et qui peuvent correspondre aux gens qui vont venir voir des matchs de rugby et des matchs de foot, et le vomitoire où est représentée l’identité du groupe. Les fresques sont financées en partie par la nouvelle société GAS (Grenoble Alpes Sport) et en partie par les supporters du GF38 et le RK. »

« Une réussite à tous les points de vue »

L’art s’invite ainsi au stade. Et il y est à sa place dans ce lieu de vie, d’échanges et d’expression. « Et on a pu s’approprier en quelque sorte le lieu », complète Gerby. « Car cette tribune Ouest, c’est avant tout le lieu de vie des supporters du GF avec les buvettes, la table du groupe où on vend le matériel, où on s’inscrit aux déplacements… On a bien conscience que cela ne reste que des peintures sur des murs mais c’est un premier pas vers quelque chose qui nous parait essentiel : que les supporters du GF38 puissent avant, pendant et après le match s’approprier le lieu. On a une démarche très artisanale, bénévole, il faut que les gens soient en contact, qu’on discute du match qui va arriver par exemple, qu’on soit content de s’y retrouver. C’est comme ça qu’émergent toutes les initiatives de supporters. »

Quel regard portent les supporters sur le travail effectué ? « Personnellement j’ai porté beaucoup d’attention à tout ce qui était en amont, en pensant que la réalisation serait peut être le plus simple et puis je me suis rendu compte du temps que ça prenait. Ce sont vraiment des artistes, on a ressenti cette fibre artistique en les voyant travailler. La manière dont ils manient les bombes, les rouleaux, les pinceaux. Une dizaine de membres du groupe a passé les 15 jours avec eux, du matin au soir, pour les accompagner. On a vraiment « trippé », c’était incroyable à vivre. Et puis le fait que Greg soit un des membres du groupe, cela a rajouté une petite touche encore plus personnelle. C’est vraiment une réussite à tous points de vue. »

L’appropriation ne se veut pas exclusive pour autant. Le RK reste dans sa démarche d’ouverture. On vous en a déjà touché un mot, des jeunes de la MJC Abbaye sont ainsi passés sur le « chantier » pendant la réalisation des fresques. Que la tribune puisse s’enrichir, visuellement, culturellement comme humainement reste un objectif constant. La Ouest est une entité en vie et, en tant que telle, son évolution n’est probablement pas terminée.

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