Un peu plus de 24 heures après l’annonce de son départ de Grenoble, Steven Pinto Borges , ému, explique son choix d’avoir rejoint l’Union saint-gilloise, formation bruxelloise de Proximus League (D2 belge) à l’ambition débordante. Le désormais ex-vice-capitaine d’un groupe qui a réalisé deux montées en deux ans se montre déçu du manque de reconnaissance de sa direction envers lui et envers un groupe qui aura   « été irréprochable jusqu’au bout ». 


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C’est quand même une surprise de te voir partir de Grenoble. Pourquoi ton histoire avec le GF38 a pris fin?

Oui, bien-sûr. Je pense que c’est un cheminement de plusieurs petites choses qui a fait qu’au bout d’un moment, j’ai pris une décision.

Déçu du départ d’Olivier Guégan? (Il coupe)

La direction n’a pas récompensé un groupe qui pourtant a toujours été irréprochable. Oui, le départ du coach a joué évidemment. En interne, il y avait certains conflits qui n’ont jamais été résolus entre lui et la direction.

Des désaccords notamment avec le manager Max Marty…

Pas uniquement, il y en avait surtout aussi avec le Président (Stéphane) Rosnoblet. Mais des conflits, il y en a toujours dans le football, encore plus professionnel. Moi ce que je reproche, c’est qu’on a été traité un peu comme des pions. Quand tu participes à la remontée d’un club et que des récompenses promises n’arrivent jamais, à un moment donné, tu dis stop.

Comment s’est traduit ce manque de reconnaissance envers toi?

Quand L’Union saint-gilloise est venue faire sa proposition, ils ont montré beaucoup d’intérêt. Mon souhait, c’était de rester à Grenoble. Mais la direction n’a pas cherché à me retenir plus que ça. J’ai demandé à ce que l’on revoit mon contrat et ça a traîné, comme souvent. Après depuis que je suis à Grenoble, les dirigeants ont toujours fonctionné comme ça.

Alors que l’Union saint-gilloise te proposait un contrat de longue durée pour un joueurs de ton âge…

Oui, ils m’ont proposé un rôle important au sein de l’effectif. Après, c’est à moi de faire mes preuves sur le terrain mais l’intérêt était là. J’ai signé un contrat de 2 ans plus une année en option. À 32 ans, c’est un défi intéressant. Et puis le club veut changer de dimension, il veut renouer avec son passé glorieux*.

Notamment avec l’arrivée de l’investisseur anglais Tony Bloom*…

C’est lui qui fait monter Brighton en Premier League. Le club veut faire un recrutement ambitieux, il y a des installations de qualité, une histoire, un staff ambitieux, un grand stade (le Stade du Roi Baudouin d’une capacité de 50 000 places, là où se joue la plupart des matches de la sélection nationale belge), donc tout pour réussir.

« Je suis fier de ne pas avoir fermé ma bouche »

À l’image de ton « cas », tu penses que d’autres joueurs pensent à partir de Grenoble?

Un départ, ça dépend de beaucoup de facteurs et je ne veux pas parler pour les autres. Après, je pense que beaucoup vont rester. Et comme il n’y a que de bons mecs, le groupe trouvera les ressources pour se relancer, je pense. Mais ce que je peux dire, c’est qu’à un moment, il y a eu une cassure entre les joueurs et la direction.

À la fin de la saison ?

Pas seulement. Comme je l’ai dit, c’est une accumulation de petites choses qui ont fait que la confiance n’était plus optimale. Mais c’est sûr que la lettre ouverte a été un des principaux déclencheurs.

La lettre en soutien à Olivier Guégan ?

Oui, la direction n’a pas aimé que les joueurs se mêlent de ça. Mais pour le groupe, c’était important de défendre un coach qui avait construit cet effectif et surtout qui l’avait mené aux deux montées consécutives. On ne pouvait pas se taire. Et en tant que vice-capitaine, je suis fier de ne pas avoir fermé ma bouche. On voulait rester ensemble le plus possible parce que ce groupe fonctionnait avec le coeur. Si on a réussi à faire tout ça, c’est grâce à nos qualités oui, mais en grande partie aussi parce qu’il n’y a jamais eu d’histoire dans le vestiaire et qu’on prenait vraiment plaisir à s’entraîner ensemble.

Mais tu comprends la stratégie de la direction pour la saison prochaine ?

Elle est de construire le meilleur effectif possible. Il y a de nombreux facteurs qui rentrent en jeu et dont on ne fait pas part aux joueurs. Après, une nouvelle fois, je n’ai pas de rancune personnelle. Par exemple, ils ont accepté de me libérer pour signer en Belgique. Mais il y a plusieurs manières de fonctionner : soit tu récompenses un groupe qui a rempli ses objectifs, soit tu ne le fais pas mais tu le dis dès le départ, c’est tout. Moi je pars avec le sentiment du devoir accompli. Et quitter Grenoble n’a pas été facile.

« Vous n’imaginez pas l’émotion que j’ai eu quand j’ai lu les messages de soutien reçus à l’annonce de mon départ… »

Quel est ton plus beau souvenir au GF38 ?

Mon plus beau souvenir? Les deux montées. Je suis obligé de les englober parce que c’est un tout. Ça a vraiment été un truc de fou.

Ce sont les plus beaux souvenirs de ta carrière ? Mieux que la Coupe de France en 2009 avec Guingamp ?

Sans hésiter oui. Parce qu’à Grenoble, c’était vraiment particulier. J’ai connu une partie de la galère en CFA (Il est arrivé au club en 2014). Et puis ces deux montées…quelle émotion. Il y a avait vraiment une forte attente autour du club. Nous les joueurs, nous nous sentions investis d’une obligation de remettre le club à sa place, c’est-à-dire au sein du monde professionnel français. Alors réussir un tel pari, ça a été magique.

Surtout après le suspens de la fin de cette saison ?

Ça oui. Et une nouvelle fois j’insiste, ce qui a fait la différence pour moi contre Bourg-en-Bresse, c’est le coeur. Si on a réussi à se relever après Sannois (défaite 2-3 au Stade des Alpes qui privent les Isérois d’une accession directe en Ligue 2 le 11 mai dernier), c’est grâce à la cohésion du groupe parce que cette défaite, elle a vraiment fait mal.

(Il poursuit)

Et puis, il faut savoir qu’à Grenoble, le staff est originaire du coin. Ils ont vécu la descente aux enfers du club, les galères…Micha (Diaferia), Arnaud (Genty) et tous les autres travaillent depuis des années pour ramener Grenoble au plus haut niveau. Alors l’avoir fait aussi pour les collègues, pour les gens qui gravitent autour du club, c’est énorme. Personnellement, je joue au foot pour m’amuser, mais aussi pour donner du bonheur aux gens et les rendre fiers.

De nombreuses équipes de National ont déclaré avoir été marquées par l’engouement autour du GF38…

Oui, quand tu as des supporters qui viennent à plus de 50 même à l’autre bout de la France pour supporter leur équipe qui évolue en National, qui ne te lâchent jamais, forcément, ça aide. Je le redis, je suis triste de partir, mais je le fais avec le sentiment du devoir accompli. Ce qu’on a réalisé, très peu l’ont fait dans une carrière.

Ce départ s’est fait quand même rapidement.

L’intérêt de l’Union Saint-gilloise était récent. Mais ça a vraiment été dur de partir. Vous n’imaginez pas tous les messages de soutien que j’ai reçus après l’annonce de mon départ. Des messages de la part de tout le monde, des joueurs, du staff, de mes amis mais aussi de supporters. J’ai bien pris le temps d’expliquer les raisons de mon choix. Mais ces messages m’ont fendu le coeur. En 4 ans, on s’en fait des amis. Dès que je peux revenir à Grenoble, je le ferai pour saluer tout le monde. L’aventure au GF était vraiment extraordinaire.

À 32 ans, le défi belge est le dernier de ta carrière?

Je ne sais pas. J’espère jouer le plus longtemps possible. Ce qui est sûr, c’est que c’est mon corps qui m’obligera à arrêter, je n’ai pas fixé de date à ma retraite sportive. Actuellement, je me sens vraiment bien. Je suis enfin sérieux pour entretenir ma condition physique, ce qui me permet de prendre du plaisir sur le terrain. Plus jeune, j’ai pu faire des conneries, ce qui faisait que je me blessais souvent. Ce n’est plus le cas comme le prouve mes deux dernières saisons pleines. Le but, c’est de rester sérieux comme ça pour continuer le plus longtemps possible.

Steven Pinto Borges est encore à l’hôtel et cherche actuellement un logement dans l’agglomération bruxelloise. La semaine prochaine, l’ensemble de l’équipe belge s’envolera pour un stage de préparation en Allemagne.

*Les clubs belges les plus titrés sont le RSC Anderlecht avec 34 titres, le FC Bruges avec 15, l’Union St-Gilloise avec 11 et le Standard de Liège avec 10.

*Tony Bloom est un anglais de 48 ans qui a fait fortune en tant que joueur de poker puis dans le monde des paris.

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