Passé par Mulhouse, Lille, Colmar et Strasbourg, Raphaël Gherardi retrouvera son ancien club lors des 8e de finale de la coupe de France dans une semaine. De ses années alsaciennes à sa situation actuelle, tous les sujets ont été abordés avec le milieu de terrain grenoblois. Entretien.
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« De mon passage au Racing, il n’y a plus grand monde qui est encore là, commence Raphaël Gherardi. Après, il y a quelques joueurs face auxquels j’avais joué il y a deux saisons avec Colmar en National : Grimm, Liénard, Bahoken, Séka… Ça fait une petite ossature qui y est encore aujourd’hui ». De quoi donner des idées au groupe grenoblois qui se retrouve aujourd’hui dans la même position que Strasbourg en 2016 : en course pour une montée en Ligue 2 et des retrouvailles avec le monde professionnel. « C’est clair qu’on pourrait rapprocher un peu les clubs à ce niveau-là, confirme le joueur. Grenoble est en reconstruction comme l’était le Racing à l’époque, on est monté en National et on essaie de remonter en Ligue 2 cette année. Strasbourg était dans la même situation et ils ont enchaîné les montées. On espère s’inspirer de leur parcours. C’est vrai qu’il y a des similitudes avec les publics, les infrastructures… » Toutes proportions gardées évidemment. Mais si le GF a galéré pendant longtemps en CFA et a d’ailleurs été privé de montée par Strasbourg en 2012-2013, le Racing lui a rapidement retrouvé les sommets.
Sur le papier, le choc qui aura lieu au stade des Alpes la semaine prochaine n’est pas du tout équilibré. Le Racing joue aujourd’hui en Ligue 1 quand Grenoble se bat en haut du championnat de National. Et dire que ces deux clubs évoluaient dans la même division il y a cinq ans… Mais pour Raphaël Gherardi, l’affiche revêt une saveur un peu particulière : « Ce sont toutes mes plus belles années qui ressurgissent donc c’est clair que ça fait bizarre de les retrouver mais ce sera un plaisir. Ça va être un bon match et j’ai bien évidemment de jouer cette rencontre, ça peut être un joli clin d’œil du destin ».
Le destin qui a justement mis sur sa route un ancien strasbourgeois au tour précédent : Vauvenargues Kéhi, gardien de l’AS Biesheim, que nous vous avions présenté. « On a fait nos années ensemble à Strasbourg, explique le Grenoblois. On a partagé beaucoup de moments ! Lui aussi a eu une grave blessure l’année où le Racing dépose le bilan, alors se retrouver comme ça, c’était beau ! Après, j’ai sûrement eu beaucoup plus de joie que lui avec cette qualification ». Alors qu’il connaissait la série noire du GF sur pénalty – même si Arsène Elogo y avait mis un terme entre temps à Rodez – Raphaël Gherardi a quand même décidé de participer à la séance de tirs au but face à son ami : « Un peu après le match, on a échangé nos maillots. Quand je lui ai donné, je l’ai un peu chambré, s’amuse l’Isérois. Mais c’est de bonne guerre ! Quand je me suis approché pour tirer le pénalty, il m’a dit « Je te connais par cœur Raph’ ! » pour me déstabiliser. Heureusement, ça m’a souri ! Maintenant on en plaisante, ça fait partie du football ».
Le milieu de terrain grenoblois, longtemps blessé après sa terrible blessure en toute fin de saison dernière, est revenu récemment dans le groupe. Mais difficile de s’imposer au sein d’un effectif qui performe et où sa place dans le 3-5-2 d’Olivier Guégan est déjà occupé par un garçon qui a prouvé toutes ses qualités, Jessy Benet. Pour autant, Raphaël Gherardi prend avec philosophie sa situation et attend patiemment son heure : « On avait parlé un peu avec le coach : il fallait que je sois patient pour retrouver mon niveau et que le physique suive aussi. Là, il y a trois matchs en dix jours donc je pense qu’on va être amené à tous jouer un peu et que j’aurais davantage de temps de jeu… Quand je suis revenu de ma blessure, je me suis rapidement senti bien, puis j’ai une période creuse où j’ai eu un peu de mal à retrouver mes jambes d’avant. Je pense que c’est avec le temps de jeu que ça va revenir, petit à petit, je sens que je progresse et je travaille pour ».
« Je me mets à la place du coach : ce n’est pas évident de faire des choix » – Raphaël Gherardi
Il faut dire aussi que pour l’instant, les résultats suivent et donnent raison à l’entraîneur de Grenoble. Un discours qui n’est pas sans rappeler celui qu’avait Florian David après son départ et vers lequel abonde Raphaël Gherardi : « L’équipe tourne bien, je me mets à la place du coach aussi, c’est pas évident de faire des choix ». Mais pour lui qui est encore sous contrat jusqu’en juin 2019, comme il nous l’a confirmé, la question de son avenir ne se pose pas. Le Mulhousien veut voire Grenoble réussir son pari de décrocher la montée en Ligue 2. Lui qui connait bien le championnat de National pour y avoir évolué pendant une saison avec Colmar et un peu avec Strasbourg livre les clés de la réussite iséroise : « Je pense qu’on a un super groupe avec un état d’esprit très fort. Dans le jeu, ce n’est pas toujours beau ou comme on le souhaite mais il ne faut pas oublier que c’est une division où le jeu est assez physique et haché. À nous d’être solides pour être dans le coup et jouer de belles choses à la fin de la saison ».
Interrogé sur la capacité du groupe à renverser les situations, fait d’armes dont est désormais habitué le public grenoblois, Raphaël Gherardi met ça sur le compte du collectif : « On a réussi à créer quelque chose : tout le monde s’entend bien, et ça joue forcément. Même les joueurs sur le banc ont beaucoup de qualité. On se bat les uns pour les autres et même quand les gens n’y croient plus trop, nous on se donne à fond sur le terrain comme ça a été le cas à Biesheim où on a totalement fait basculer la rencontre. Tu n’es pas obligé d’avoir le plus beau jeu du monde pour déplacer des montagnes et c’est ce qu’on fait ».
À 25 ans, malgré son passage au Lille OSC, Raphaël Gherardi n’a fait que toucher du doigt le monde professionnel et compte bien tout donner pour y parvenir avec le GF38 : « Je pense que ça peut être un tournant dans ma carrière. Il est temps, avec le projet de Grenoble et l’équipe qu’on a, de retrouver le monde professionnel. C’est quelque chose de grand qu’on peut aller chercher tous ensemble. On ne s’en rend pas encore compte mais être dans le coup pour la montée en Ligue 2, c’est énorme. Il nous reste 14 matchs de championnat, à nous de tout faire pour que le club et la ville de Grenoble soient récompensés ». Nul doute que si ses minutes sur les terrains en match officiel ne sont pas encore à la hauteur de ses espérances, Raphaël Gherardi aura aussi son mot à dire dans ces prochains mois pour ramener, avec tous ses coéquipiers, le GF38 vers les sommets.