Toujours sans prétention et avec son rire communicatif, Christian Gyeboaho a posé ses valises en Corse l’été dernier. Malgré une fin de saison tronquée et des au revoir manqués avec Grenoble, le Toulousain a trouvé un nouveau défi chez un monument du football français, le Gazélec d’Ajaccio. Ce week-end, en 16es de finale de la Coupe de France, c’est face au LOSC de Lille que le milieu de terrain jouera peut-être le “dernier match” de sa saison.
Christian Gyeboaho est un homme heureux. Dans le ton de sa voix rauque, les rires et les sourires s’alternent. « Ça se passe bien, je joue, je suis content. » C’est avec cette phrase, courte, mais forte de sens que le milieu de terrain, qui s’est envolé vers l’Île de Beauté l’été dernier, démarre l’entretien. Après une pige à Grenoble, où il s’entraînait avec le groupe Ligue 2, mais jouait le week-end en réserve au niveau Régional 1, le Toulousain a ressenti l’envie de se lancer dans quelque chose de nouveau.
Continuer en amateur avec le GF38 ou partir à l’aventure en Corse malgré une descente en National 2 ? Le doute n’a pas subsisté longtemps : « Quand j’ai eu le coach et le staff au téléphone, je me suis dit que le club allait vraiment compter sur moi. »
Et il ne s’est pas trompé. En championnat, Christian a joué tous les matches jusqu’à octobre et la coupure prématurée d’une saison qui s’annonçait prometteuse pour lui. Il faut dire que le milieu de terrain était arrivé en Corse avec un petit statut. Bien qu’il n’avait fait que quelques bancs en Ligue 2, le traitement est autre que celui qu’il aurait pu recevoir en arrivant par exemple d’une équipe de N2.
Alors il enchaîne dans ce championnat qui lui était jusqu’alors inconnu. « J’ai découvert une division très relevée. En National 2, on trouve des équipes composées de jeunes talentueux, entourés par des joueurs d’expérience. Ça fait toujours des gros matches », souligne Christian.
Une adversité qu’il trouve déjà chaque jour à l’entraînement dans la cité ajaccienne et qui continue de le faire grandir : « Ici il y a des joueurs qui ont connu la Ligue 1, d’autres à 300 matches de Ligue 2. Ça ne me change pas trop de Grenoble ».
A 24 ans et en constante progression, de son propre aveu, c’est forcément avec une déception particulière que le Toulousain a appris que le championnat de National 2 ne reprendrait pas : « C’est frustrant. On avait pour objectif de rapidement remonter. Tout le monde jouait le jeu pour être fort à la reprise. Nous étions tous concernés. » Dixième de sa poule au moment de l’arrêt des championnats, le Gaz évoluera donc de nouveau au quatrième échelon français la saison prochaine. Une échéance repoussée et un footballeur qui relativise :« Nous sommes des privilégiés. On se dit qu’il y a des gens qui vivent des choses bien pires. »
Le LOSC pour un « match de gala »
Engagés dans la voie amateur de cette édition très spéciale de la Coupe de France, les Corses se sont défaits de l’AS Furiani-Agliani (N2), l’US Saint-Omer (N3) et finalement de Saint-Brice-sous-Forêt (R1) pour arriver jusqu’en seizièmes de finale. Au soir du tirage, le cœur de Christian balance entre tirer un gros et prendre une N2 « pour passer un tour de plus ». Le destin tranche, ce sera le LOSC de Lille, leader de Ligue 1. « Ça m’a fait chaud au cœur. C’est ce qui se fait de mieux en France », se rappelle t-il euphorique.
Quand tu apprends que tu recevras le @losclive en 16e de finale de @coupedefrance …
Forza GFCA 🔴🔵!!! pic.twitter.com/OF3L4WDHKp— Gazélec FC Ajaccio (@gfc_ajaccio) February 21, 2021
S’il ne s’attend pas à un match facile, le néo-Gazier ne vend pas la peau des Corses pour autant : « Je sais qu’ils ne nous prendront pas à la rigolade. Jouer en Corse, ce n’est jamais simple. » Surtout face à un ancienne équipe de Ligue 1. En Coupe, le coach Ducourtioux avait jusqu’à présent fait tourner pour concerner son groupe. Ce week-end, c’est encore l’inconnue pour Christian et ses coéquipiers, qui croient en leurs chances : « Pour réaliser un exploit, encore faut-il y croire. C’est le minimum (Rires) ! » Pour eux, il faudra également regarder leurs adversaires dans les yeux pour espérer l’emporter. Oublier Jonathan Ikoné, Jonathan David, José Fonte, ne penser qu’au football. « Quand l’arbitre sifflera le début de la rencontre, il ne faudra plus penser à ça. Ca reste un match de foot après tout », glisse Christian. Un match aux allures de gala, avant de peut-être baisser le rideau. Un peu bizarre. Mais qui donnera sûrement au stade Ange-Casanova, la nostalgie de la Ligue 1.
Crédit photo Gazélec Ajaccio (site officiel)