Ligue 2. Comment le GF38 est en train de tout gâcher

Troisième à l’issue de la phase aller avec un petit matelas d’avance sur le sixième, le GF38, à la défaveur d’un début d’année 2024 catastrophique, est sorti pour la première fois de la saison du Top 5 après son revers à Bastia. Si rien n’est encore joué dans la course aux barrages, la dynamique est inquiétante d’autant que les coéquipiers de Maubleu pèchent là où ils ont longtemps brillé. Décryptage.

Les chiffres de la dégringolade

Entre la 1ère et la 19ème journée, l’équipe de Vincent Hognon a pris 34 points, soit une très bonne moyenne de 1,78 points par match. Depuis janvier, elle a chuté à 0,75 point par match, soit une moyenne de relégable.

Grenoble, qui n’avait perdu que trois fois lors de la phase aller, vient d’enchaîner 4 défaites de suite. Et le plus inquiétant reste peut être que la qualité des contenus s’est dégradée au cours de cette série.

Si les joueurs d’Hognon venaient à poursuivre sur ce « rythme 2024 », ils termineraient avec moins de points que la saison dernière (49) !

La défense au banc des accusés

Si Grenoble est moins performant, il le doit d’abord à sa perméabilité. Sur la phase aller, les filets isérois avaient tremblé à 17 reprises (0,89 buts par match), ce qui faisait du GF38 la 2ème meilleure défense du championnat derrière Angers. En 2024, Bobby Allain et Brice Maubleu ont déjà encaissé 11 buts (1,83/matchs) soit plus du double par match en moyenne.

Premier élément d’explication : les gardiens grenoblois sont moins performants. Attention « moins » ne veut pas dire « pas ». Maubleu l’a rappelé à Bastia avec encore une double parade exceptionnelle ou à Bordeaux avec un pénalty repoussé. Mais le capitaine du GF38 avait un niveau d’extra-terrestre lors des premières semaines de compétition et il est redevenu un peu plus « humain ». Sur la phase aller, Grenoble avait ainsi encaissé moins de buts que de « buts encaissés attendus » (xGA). Une tendance qui s’est inversée depuis la reprise. Pas dans des proportions incroyables mais suffisamment pour avoir un petit impact sur les résultats.

Le principal facteur d’explication reste toutefois que le GF38 concède beaucoup plus. Les xGA étaient ainsi de 0,99 en 2023, ils ont grimpé à 1,78. Cela ne résulte bien sûr pas uniquement de la responsabilité des défenseurs. Le GF38 défend moins bien collectivement et les erreurs individuelles (la passe en retrait de Mbemba face à Pau, par exemple) viennent encore davantage plomber l’équipe.

En 2024, le GF38 n’est jamais tombé sous les 1 but encaissé attendu lors d’une rencontre (= sur chaque match il est supposé encaisser au moins un but d’après les occasions que se crée l’adversaire), ce qui était arrivé à 9 reprises lors de la phase aller… Et, de fait, aucun blanchissage n’a été réalisé lors des huit matchs de la phase retour. La série d’invincibilité du début de saison semble bien loin aujourd’hui.

Une animation offensive moins inspirée

De l’autre côté du terrain, les chiffres sont d’apparence moins flagrante à la baisse, mais à la baisse tout de même. En effet, Grenoble marque moins en moyenne en 2024 (1,25 buts/match contre 1,31/match sur la phase aller). Et il faut rappeler que les cinq buts face à Caen améliore grandement la moyenne d’un côté quand la série de 0-0 du début de saison la font baisser de l’autre. Si on ne compte pas le match face à Malherbe, la moyenne tombe à 0,71 but/match, presque moitié moins.

Les xG sont en revanche supérieurs (1,51 xg/match en 2023 contre 1,61 en 2024). Cela veut dire que les Grenoblois sont moins efficaces depuis la reprise. La comparaison des matchs face à Caen et Auxerre est intéressante. Les xG sont les mêmes sur les deux matchs : 2,9 buts attendus. Sauf que face aux Normands les Alpins ont fait trembler 5 fois les filets alors qu’ils n’ont pu marquer qu’une fois face au leader de Ligue 2. Deux victoires auraient dû ponctuer les prestations, le GF38 a donc laissé échapper 2 points au regard des occasions qu’il s’est procurées.

Mais ça, c’était quand les résultats étaient encore à peu près corrects. Lors de la série de quatre défaites, les expected goals ont été progressivement à la baisse :
– 1,6 à Bordeaux, où la prestation avait été convenable malgré la défaite ;
– 1,6 à Troyes avec un pénalty (qui rapporte à lui seul près d’un point de xg) ;
– seulement 1,2 à domicile contre Pau (un des plus faibles total domestique de la saison) ;
– et… 0,2 à Bastia soit le pire total de la saison.

Les Grenoblois se sont donc créés moins d’occasions de marquer (voir quasiment aucune à Bastia) dans des rencontres où ils ont pourtant été menés à chaque fois rapidement au score. Le GF38 est plus à l’aise offensivement sur les phases de transition, mais une fois derrière au score, elles se raréfient pour lui et il se montre ces dernières semaines incapable de se créer des opportunités une fois en possession du ballon.

Au delà de ne pas marquer, avec un seul but (un pénalty à Troyes) inscrit lors de la série de défaites, l’incapacité à se créer davantage d’occasions est inquiétante alors que c’était un réel point fort de l’équipe d’Hognon jusque là.

Le GF38 s’est donc effondré dernièrement sur des points qui ont fait sa force lors de la première partie du championnat. La dynamique, symbolisée par une baisse progressive des occasions créées, est inquiétante. Le staff grenoblois va devoir trouver des réponses pour retrouver une plus grande imperméabilité défensive d’un côté du terrain et l’allant offensif des premiers mois de l’autre. Le retour de Jessy Benet en sera sans doute une. Pas sûr que de fonder tous ses espoirs sur un joueur, aussi talentueux soit-il, soit en revanche suffisant pour se mêler jusqu’au bout à une lutte pour les barrages qui s’intensifie un peu plus chaque semaine.