Ce dimanche, les ultras grenoblois se sont exprimés au sujet de l’entraîneur du GF38 Maurizio Jacobacci via des banderoles affichées au Stade des Alpes (voir ici). Nous avons pu nous entretenir suite à cette opération avec Gerby, l’un des porte-parole du Red Kaos 94.

Vous étiez présents à Amiens ce samedi, comment avez-vous vécu ce match ?

Sportivement que ce soit les 100 supporters présents en parcage à Amiens ou que ce soit les gens devant leur tv à mon avis on a tous vu la même chose : une équipe perdue sur le terrain. La défaite et les 0 point c’est un déficit de résultat mais il y a clairement un déficit de jeu. Il n’y a pas de solution, les mecs sont livrés à eux-mêmes. Il n’y a rien à en retirer de positif de cette soirée.

Les mauvaises prestations s’enchaînent avec la coupe, le match à Valenciennes, la réception du Havre… Vous êtes inquiets aujourd’hui pour la pérennité du club en Ligue 2 ?

On n’a jamais été aussi inquiets. Au classement et en terme de résultats c’est mauvais. En terme de jeu, de notre point de vue, c’est aussi mauvais. On a trouvé complètement lunaire la réaction d’après-match de l’entraîneur qui voit des points positifs. Certains parlaient même de provocation vis-à-vis des supporters qui étaient là. Ce n’est pas acceptable d’avoir un entraîneur qui tient ce genre de discours totalement déconnecté après un match où on s’est fait humilier. Cela peut arriver ; on peut avoir un mauvais match, une mauvaise période dans une saison. Mais on ne peut pas se permettre de raconter n’importe quoi aux gens qui suivent ce club. Il y a un souci de cohérence et de soucis des supporters.

Vos reproches semblent se concentrer sur l’entraîneur. Est-ce que cela veut dire pour autant que les joueurs sont exempts de tout reproche à vos yeux ? Et quid des dirigeants, qui ont fait venir cet entraîneur ?

Les premiers responsables aujourd’hui évidemment ce sont les joueurs, ce sont eux qui sont sur le terrain. On a eu l’occasion de leur parler à tous, tout l’effectif, au bord du terrain ce samedi après le match. On leur a dit de faire plus, de courir plus vite, de courir plus loin, de sauter plus haut, de s’arracher. On a vu des joueurs qui ne prenaient pas le carton jaune quand il fallait, qui ne s’encourageaient pas quand il fallait.
Pour deux raisons on ne peut pas s’en prendre à eux. La première c’est qu’on ne va pas virer 25 joueurs. La deuxième c’est que ce sont les mêmes joueurs que la saison dernière pour une majeure partie de l’effectif, qu’on ne perd pas de vue que pour certains se sont des enfants et des historiques du club, pour d’autres qui ont contribué à notre formidable 4ème place et à la qualification en play-offs.
En ce qui concerne la direction, dans un club quand tout semble bien marcher et que quelque chose ne tourne pas rond, il n’y a pas lieu de tout remettre en question et de demander à toute la direction de démissionner. Tous les entraineurs licenciés en L1 et L2 chaque saison ne sont pas accompagnés des directeurs généraux et des présidents concernés. On embauche un entraîneur, on s’aperçoit de son erreur, on le licencie et on le remplace.
Aujourd’hui pour nous le sujet c’est l’entraîneur. On appelle clairement à sa démission parce qu’il y a 18 matchs de joués dans le championnat, c’est la trêve et donc certainement le moment opportun pour changer de coach. On demande aux dirigeants de prendre leur responsabilité. Ce n’est pas la chose la plus marrante à faire pour nous. Maurizio Jacobacci est certainement une très belle personne, on l’a côtoyé quelques fois. Mais sportivement ça ne fonctionne pas. Ca c’est ce qu’on voit. Humainement ça ne fonctionne pas. Ca c’est ce qu’on croit comprendre. Il faut que Maurizio Jacobacci démissionne ou que Max Marty et Stéphane Rosnoblet prennent leur responsabilité et licencient l’entraîneur. C’est une position de supporters.

C’est une prise de position forte. Cela veut dire que pour vous la situation est aujourd’hui inquiétante si pas encore désespérée ?

Là on ne voit pas le bout du tunnel. Sportivement on s’enfonce. En terme de résultats on s’enfonce. Il y a eu une élimination humiliante en coupe de France à Andrézieux. On peut perdre, y compris contre une équipe de CFA, mais en terme de jeu on s’est fait balader. En terme d’envie on a été ridicule. Aujourd’hui la direction doit prendre ses responsabilités, accepter que dans tout ce qu’ils ont fait de bien ces dernières années ils peuvent aussi faire des mauvais choix. Il faut profiter de la trêve pour rectifier le tir.
Il faut que l’entraîneur tire des conclusions de cette première partie de saison, qu’il dise de lui-même qu’il n’y est pas arrivé et qu’il ne veut pas aller plus loin. Ou alors qu’il soit licencié. Et puis il faut des joueurs qui se bougent et prennent conscience qu’on va avoir une deuxième partie de saison très compliquée.
Nous on sera derrière nos joueurs, derrière nos dirigeants qui font du très bon boulot, on est à 100% derrière eux. Mais là sportivement il y a un échec et il faut rectifier le tir. Et s’ils sont capable de le faire cela montrera qu’ils sont encore plus des dirigeants conscients et réactifs.

Ce n’est pas la première fois que vous « piquez » des joueurs à la fin d’un match. Vous en connaissez certains depuis plusieurs années. Est-ce que samedi soir quand vous avez vu leur regard, leur réaction, leur manque de réaction vous a particulièrement inquiété sur leur état psychologique du moment ?

J’ai pas reconnu les gars. Ce sont des gars qui ont failli nous faire monter en L1, des enfants du club, des historiques. Pas des gens qu’on peut taxer d’être je m’enfoutiste ou pas conscient de la situation du club. Il nous ont dit qu’on était en crise sportivement. Ce sont des choses qui appartiennent ensuite aux joueurs et aux supporters. Je voudrais insister sur le fait qu’il y a 100 supporters qui se sont déplacés à Amiens et qui sur ce moment-là on la légitimité de parler à leurs joueurs. Il y a un côté intimiste mais nous la conclusion qu’on en fait c’est qu’il faut faire quelque chose. Et malheureusement pour tout le monde le premier levier c’est le changement d’entraîneur. La situation n’amuse personne ; le premier à ne pas dormir en ce moment c’est Maurizio Jacobacci.

On sent vraiment que le point de non-retour a été atteint…

Après tout se passer, y compris avec cet entraîneur. Est-ce que c’est possible de faire une grosse seconde partie de saison avec cet entraîneur ? Oui. Est-ce qu’on y croit ? Pas beaucoup. Aujourd’hui on préfère prévenir que guérir. Ce n’est pas au mois d’avril qu’il faudra s’inquiéter de notre situation sportive. Nous on a le bon rôle, on est des supporters. Mais avec toute l’indépendance qu’on a vis-à-vis du GF38 on est en droit de se positionner aussi.
Aujourd’hui on pense qu’on est arrivé à un point de non-retour. Si demain tout le monde arrive à remonter la pente et dans 6 mois je suis capable de faire une interview et de dire bravo Jacobacci. Aujourd’hui ce n’est pas ce qu’on pense, parce que sportivement ce n’est pas ce qu’on voit. On ne fait pas un jugement de personne. C’est ce qu’on voit et ce n’est pas acceptable.

Un mot plus spécifique sur votre opération du jour, avec l’affichage de plusieurs banderoles au Stade des Alpes ?

On est allé déposer des banderoles au siège du club au Stade des Alpes. C’est notre façon de nous exprimer. Surtout qu’il n’y a pas de match qui va arriver. Ajaccio en Corse en semaine un mardi ça va être compliqué de s’exprimer là-bas. Il y a la trêve, tout le monde va partir en vacances. Aujourd’hui c’était le moment de se positionner.
En terme de timing on était arrivé à un point de non-retour. On avait un discours bienveillant avec le club au début, on laisse la chance et on juge après. Certains nous ont dit « on l’avait dit », nous on est pas madame Irma. Et là la trêve c’est le bon moment.
Ca ne remet pas en cause le jugement qu’on a sur les dirigeants du club. S’il faut dire merde ou contester on le fait mais on a aussi conscience que ça évolue dans le bon sens depuis plusieurs années. J’espère qu’il y aura une prise de conscience chez eux et chez l’entraîneur qu’il y a quelque chose qui ne tourne pas rond.
On donne rendez-vous à tous les supporters du club lors de la réception d’Auxerre le 8 janvier, Jacobacci ou pas Jacobacci on sera derrière le club. On verra à ce moment-là comment revendiquer les choses en tribune, comme on l’a toujours fait.

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