« La victoire de Dijon est méritée, mais elle n’est pas logique ». Voilà en substance ce qu’a exprimé Jordy Gaspar interrogé à l’issue du match perdu par le GF38 face au DFCO, samedi dernier au Stade des Alpes. Le défenseur réfute donc le caractère inéluctable du revers face à l’ancien pensionnaire de Ligue 1. Grenoble pouvait, aurait dû, faire mieux malgré la qualité de son opposant. Mais en quoi ?
Coaching perdant
Le banc n’a clairement pas joué son rôle samedi dernier. Et quand on sait l’importance de ce dernier dans les bons résultats grenoblois des derniers mois, c’est forcément un élément impactant.
Maurizio Jacobacci n’a déjà pas manqué de mettre un (gros) tacle aux entrants, spécialement Achille Anani, à l’issue du match. Le technicien a pointé le manque d’envie et l’absence de travail défensif de son joueur qui ne s’est pas non plus montré dangereux offensivement. La comparaison avec son homologue dijonnais Scheidler entré quelques minutes plus tôt fait effectivement mal au Grenoblois. Si Belmonte a été un peu plus en vue (26 ballons touchés contre 6 à Anani, des duels remportés) il n’a pas non plus spécialement pesé dans ce match.
Deuxième point à soulever, l’entrée en jeu de David Henen à la 87ème minute. Un changement très tardif, alors que le GF38 était mené depuis la 75ème minute et qu’Abdallah semblait souffrir physiquement. Sur le bord de la touche, l’attaquant semblait d’ailleurs s’agacer de ne pas pouvoir apporter sa présence plus rapidement ; on peut le comprendre ce n’est pas en 5 minutes qu’il a pu apporter grand chose (seulement 4 ballons touchés et malgré tout une tentative de tirs).
Troisième point en lien avec le précédent : l’absence de changement rapide des milieux de terrain. Au-delà de leur prestation – on y reviendra, Bambock et Cissé ont été avertis dès la première période ce qui les a fortement handicapé par la suite. Sur l’égalisation de Benzia on constate d’ailleurs que le Sénégalais évite de faire faute au départ de l’action pour ne pas risquer de prendre le 2ème jaune. Avec De Iriondo et Bunjaku sur le banc, Jacobacci avait en plus a priori des solutions et on a déjà vu le technicien opérer des changements à la pause quand les circonstances le dictaient.
Dimension physique et gestion des efforts
Après la prestation aboutie et maîtrisée pendant 90 minutes face à Pau, le GF38 n’est cette fois-ci pas parvenu à enchainer dans son Stade des Alpes.
Physiquement, ils ont été mis en difficulté par les visiteurs, à l’image d’un Flo Michel qui a eu du mal à exister dans le coeur du jeu (+ 70% de duels perdus). On a aussi vu des Grenoblois souffrir à partir de la seconde partie du match, ce qui est questionnant avec un rythme d’un match par semaine et alors que la dernière trêve internationale ne remonte qu’à deux semaines.
Une question à laquelle a répondu indirectement Jordy Gaspar après le match. Le GF38 a eu beaucoup trop de déchets dans ses sorties de balle d’une part et de mauvais choix sur ses situations en transition – on a l’image d’un Ravet isolé à droite réclamant des ballons qui n’arrivaient jamais par exemple. Si le bon pressing dijonnais peut expliquer le premier point en partie, le défenseur grenoblois a apporté un élément explicatif intéressant : une mauvaise gestion des efforts qui entraînent une perte de lucidité au moment de réaliser certains gestes.
Le système dauphinois demande énormément d’efforts à la récupération du ballon et pour proposer des solutions une fois la possession obtenue. En multipliant ces efforts à haute intensité lors des temps forts – on pense au premier quart d’heure plutôt réussi samedi dernier par exemple, les Grenoblois se « crameraient » donc physiquement et le paieraient sur les temps faibles suivants. Ce qui sous-entend aussi qu’aujourd’hui les joueurs du GF38 n’ont pas le coffre suffisant pour davantage multiplier les courses à haute intensité. Soit il faut progresser dans ce domaine (avec quelle limite ?), soit il va falloir mieux gérer les efforts.
Et sans doute aussi trouver le bon équilibre entre envie et capacité, car cette notion d’efforts défensifs à la perte de balle a nécessairement une dimension psychologique. Et on revient aux mots de l’entraîneur sur Anani après la défaite.
Des mots sur des maux. Aussi bien Gaspar que Jacobacci ont fourni des clés intéressantes sur les manques affichés samedi dernier. De quoi accréditer la thèse de l’accident ? Dijon était le plus fort lors de cette 13ème journée. Un constat qui n’a donc cependant rien d’une fatalité.