Le retour en Ligue 2 du Grenoble Foot 38 s’est conclu par une honorable 9ème place. L’ambition affichée par les dirigeants du GF38 est « de faire mieux » la saison prochaine. Ce qui sous-entend d’aller titiller un peu plus les barrages et les équipes du Top 5. Un cap important mais difficile à franchir – il suffit de regarder les résultats des Alpins face aux équipes de tête cette année. Grenoble dispose-t-il des moyens de son ambition ?

En Ligue 2, l’argent fait le bonheur

Qui dit moyens, dit déjà, et principalement, moyens financiers. L’argent, en matière de football, reste le nerf de la guerre.
Metz (30 millions), Brest (15 millions), Troyes (13 millions), Paris FC (12,5 millions) et Lens (36 millions) faisaient tous partie du « Top 10 » en ce qui concerne les budgets cette année. Comparativement, avec ses 8 millions de budget, le GF38 n’occupait que la 15ème place du classement (>>
le classement complet).
Et encore, il faudrait affiner l’analyse financière en comparant plus spécifiquement les masses salariales. On sait par exemple qu’une part non négligeable du budget grenoblois, Philippe Hinschberger l’a régulièrement mentionné, s’engouffre dans le Stade des Alpes.
Sur ce point là la statistique est on ne peut plus claire : entre 2011 et 2018, Les équipes qui ont été promues en Ligue 1 avaient une masse salariale chargée de 11,9 M€ en moyenne. Et les formations qui ont une masse salariale chargée inférieur à 7,5 millions ont 4% de chances de monter. Seuls le Gazélec Ajaccio (2014/2015) et Amiens SC (2016/2017) sont parvenus à réaliser cet « exploit ».

Grenoble n’était donc pas aussi bien armé que la plupart de ses concurrents. Le sera-t-il l’an prochain ? « On aura un peu plus de marge » nous a expliqué Philippe Hinscherber. « Le financier n’est pas ma partie mais je sais qu’on transfère par exemple Florian (Sotoca) pour une somme assez importante. »
Le GF38 devrait récupérer un peu plus d’un million d’euros dans l’opération. Les droits TV pour la Ligue 2 devrait également lui permettre de récupérer aux alentours de 5 millions et on peut toujours espérer que le transfert d’un « ex GF38 » (Thauvin pour le cas le plus envisageable) rapporte également quelques centaines de milliers d’euros supplémentaires dans les caisses grenobloises. Le budget devrait donc sensiblement augmenter. La masse salariale également dans la foulée.

« Mais maintenant on sait qu’on ne remplacera pas facilement un attaquant qui vaut 16 à 18 buts cette année, parce qu’il ne frappe pas les penaltys. » tempère le technicien alpin. « Pour remplacer Sotoca avec quelqu’un qui marque autant de buts on sait qu’en France ce n’est pas possible. »

Des infrastructures insuffisantes ?

A Grenoble, on le sait, le magnifique Stade des Alpes est l’arbre qui cache la forêt. Le GF38 a des moyens limités pour recruter mais ne peut pas encore compter sur des joueurs formés en son sein pour compenser (que ce soit pour jouer avec Grenoble ou pour rapporter des moyens financiers supplémentaires en étant vendus).
Le projet centre de formation avance mais pour l’instant on en reste justement au stade de « projet ». Au-delà d’une capacité d’attraction pas optimale pour le moment, il y a déjà quelques bons jeunes à Grenoble (les U19 Loba, Touati, El Ouazzani…, les U17 qui se sont maintenus au niveau national) mais si le club veut continuer à les faire progresser il faut leur offrir, au-delà d’un niveau de jeu intéressant, des moyens structurels suffisants. C’est un petit miracle d’avoir réussi à sortir des générations exceptionnelles – et encore bravo aux formateurs de l’époque.
C’est un constat qui vaut d’ailleurs aussi pour les seniors. Le centre d’entraînement n’est pas vraiment conforme aux standings d’une équipe professionnelle et il a de quoi refroidir les envies de rejoindre la capitale des Alpes de certaines potentielles recrues.

Si le GF38 veut poursuivre sa route vers les sommets, c’est aussi à ce niveau là qu’il devra se donner les moyens de son ambition

La Hollande, le pays bas-salaire

Pour rivaliser, Grenoble va donc notamment devoir se montrer plus ingénieux, plus travailleur et anticiper pour trouver les oiseaux rares, susceptibles de rentrer dans son projet sportif. « On est en observation depuis longtemps pour trouver un attaquant », confirme par exemple Hinschberger. Un entraîneur dont le réseau personnel peut aussi être une piste intéressante. En fin de contrat à Metz, les défenseurs Balliu et Rivierez pourraient par exemple plus facilement adhérer à un projet présenté et conduit par un coach qu’ils connaissent bien.

Autre option pour le recrutement, sortir d’un marché français jugé trop cher. Et direction l’Eredivisie ? « Le recrutement de Ryan Sanusi nous a donné des pistes, des profils qu’on peut faire plus facilement que des joueurs français », sourit Hinschberger. Bart Straalman dont nous vous parlions ou l’attaquant Mitchell Te Vrede évoqué par notre confrère du Sport Dauphinois Réginald Mouyan sont des joueurs qui pourraient à leur tour franchir le cap. L’attaquant de NAC Breda, 10 buts en championnat, émargeait à 266 000€ cette saison (un peu plus de 22 000€ par mois). Très au-dessus de ce que gagne le Grenoblois le mieux payé cette saison mais, comparativement, le top 20 des joueurs les mieux payés de Ligue 2 cette saison est à 300 000€ ou plus.

Le salaire moyen en D1 néerlandaise est à moins de 270 000€, sachant que les joueurs de l’Ajax, du PSV ou de Feyenoord font forcément grimper cette moyenne. Cela laisse forcément des bonnes affaires à faire. A l’image de Ryan Sanusi, dont le rapport qualité prix n’a sans doute pas beaucoup d’équivalent en Ligue 2 cette saison.

Et puis si le GF38 va devoir recruter, il va aussi pouvoir s’appuyer sur une base solide. Et c’est un argument de poids pour atteindre ses objectifs. On connaît la qualité des joueurs présents, dont certains ont encore une belle marge de progression. « C’est une bonne base de travail car 70% de l’équipe actuelle sera sur le terrain à la rentrée prochaine. Ils ont réussi une belle saison, ils m’ont agréablement surpris sachant que nous avions très peu de joueurs qui avaient connu la Ligue 2 quand on commence la saison. »

Alors si on considère qu’une participation aux barrages est l’objectif de la saison prochaine, le GF38 a-t-il les moyens de son ambitions ? Structurellement le club grenoblois nous paraît encore un peu juste. Il doit encore grandir (financièrement, sur ses infrastructures), en commençant par continuer de solidifier ses bases.
Conjoncturellement, cela dépendra du recrutement, et ne le cachons pas en grande partie de la réussite du « buteur » signé, mais aussi de la dynamique d’un groupe qui a perdu quelques fortes têtes en cette fin de saison et des poursuites des progrès de l’équipe et de ses éléments. Et puis il reste cette glorieuse incertitude du sport sur laquelle on continuera de s’appuyer pour continuer de rêver.

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