Essayé avec plus ou moins de réussite pendant la phase de préparation, le 3-5-2 grenoblois a fait un retour tonitruant lors de la seconde période à Marseille Consolat. On sait Olivier Guégan plutôt fan du schéma, essayons de comprendre pourquoi avec quelques éléments d’explications et en observant sa réussite vendredi dernier.
Le pressing, cheval de bataille de l’entraîneur du GF38
Le technicien a, de base, déjà la chance de compter dans son effectif des éléments offensifs « travailleurs ». On pense notamment à Florian Sotoca, qui ne rechigne jamais à faire des efforts défensifs.
En avançant deux latéraux au milieu, le 3-5-2 inclue mécaniquement la capacité augmenter le nombre de joueurs pouvant presser haut, seuls les trois défenseurs axiaux restant sur une base défensive. C’est le schéma le plus conforme aux principes de jeu de Guégan.
Et on a bien envie de dire « d’autant plus en National ». Grenoble affronte en effet des adversaires plus fort techniquement cette année, capables de sortir vite et bien le ballon, y compris avec des relances en jeu court. L’exemple parfait étant Rodez (pas leader pour rien), excellent dans ses sorties de ballon lors de sa venue au Stade des Alpes. Dans cette division, ce n’est donc pas un luxe d’avoir deux joueurs supplémentaires au pressing.
Le Grenoblois : joueur axial et polyvalent
Là aussi, le schéma 3-5-2 nous semble donc cohérent avec le profil des joueurs grenoblois, d’autant qu’il y a pléthore d’éléments (de qualité) au milieu (Steven Pinto Borges, Arsène Elogo, Ibréhima Coulibaly, Francis Dady Ngoy, Julien Deletraz, Raphaël Gherardi, Alexi Peuget, Corentin Tirard, Jessy Benet. Liste exhaustive).
Olivier Guégan dispose également de joueurs polyvalents (et capable d’enchainer les efforts), point essentiel dans un schéma avec seulement trois défenseurs :
– déjà, les deux pistons sur les côtés doivent savoir défendre et attaquer : c’est le cas de Sotoca, Dady, Elogo et Demba, pour ne parler que des joueurs présents à Consolat. C’est là aussi qu’un joueur avec du « coffre » est nécessaire. Pas d’inquiétude non plus sur ce point avec la bande des trois poumons.
– ensuite, les axiaux doivent savoir coulisser si besoin sur un des côtés, en phase défensive. Des joueurs comme Bengriba, Guégan, Mayembo ou Spano, quand il sera là, ont déjà des repères en tant que latéral.
– enfin, un milieu de terrain doit pouvoir prendre la place d’un des axiaux si ce dernier coulisse. Ibou Coulibaly a déjà dépanné à plusieurs reprises en charnière cette saison. Un joueur comme Steven Pinto Borges est lui parfaitement capable de coulisser directement en tant que latéral droit si son milieu droit n’est pas en position de défendre.
Le « vécu » existe déjà, on ne se fait pas de soucis sur l’intelligence de jeu des joueurs concernés.
Dans la pratique : tactique payante à Consolat
Le fait de jouer à deux pointes s’est rapidement révélé payant. D’abord il a obligé Florian Sotoca à quitter son côté droit : c’est son centre côté gauche (de l’extérieur du droit, s’il vous plait) qui amène le pénalty et il est côté gauche dans la surface sur son but. Le changement tactique a également permis à Nicolas Belvito (et Sotoca) de beaucoup moins décrocher, pour ne pas créer un embouteillage dans un milieu déjà bien fourni. Et c’est quand il est dans la zone de vérité qu’il est le plus utile à Grenoble. Avec un pénalty provoqué, un but et une passe décisive ce vendredi, plus beaucoup de disponibilité, lors de la 2ème mi-temps il a rempli son contrat après une première période beaucoup plus compliquée pour lui.
En difficulté face au pressing du milieu isérois pour relancer court, Consolat opte donc pour des longs ballons. Pas de chance, le GF38 peut s’appuyer sur de sacrés clients sur les duels, aériens notamment. Sur le 2ème but, Selim Bengriba s’impose et ouvre parfaitement dans la foulée sur Belvito, qui centre pour Sotoca. Le 3-5-2, point que nous n’avions pas encore abordé, implique d’avoir des défenseurs bon relanceurs. On sait qu’un Vandenabeele excelle dans ce domaine sur le jeu long. Si maintenant le bon Selim s’y met aussi…
Alors tout ne fut pas parfait, Grenoble a parfois été mis en difficulté par les ailiers marseillais, le remuant Tamboura notamment. Et c’est la problématique de ce système qui demande énormément de rigueur, d’efforts et de concentration. Mais on ne peut pas nier l’impact qu’a eu le choix d’Olivier Guégan de densifier son axe. A défaut de devenir le schéma préférentiel du technicien alpin, voilà au moins une corde de plus à son arc qu’il serait très étonnant de ne pas revoir très prochainement…