Cinquième de Ligue 2 après leur troisième succès de rang face à Valenciennes ce samedi au Stade des Alpes, les footballeurs du GF38 sont désormais solidement ancrés dans la première partie du classement, avec 10 points d’avance sur la zone de relégation alors qu’on vient de passer le tiers du championnat. De quoi changer d’ambition ?
« Ne comptez pas sur moi pour m’enflammer« . En conférence d’après-match, Vincent Hognon est resté dans son registre. Et c’est tout à fait logique. Le technicien n’est ni là pour tomber dans le catastrophisme en cas de mauvais résultat, ni là pour tomber dans l’euphorie en cas contraire. Mesuré en toute chose, seul lui importe la ligne d’arrivée et l’objectif initialement fixé : le maintien. Ne voyez donc pas un manque d’ambition dans sa réponse qui n’est que le reflet de sa détermination à mener à bien la mission qui lui a été confiée.
Notre registre nous invite en revanche à poser la question, et à tenter d’apporter quelques éléments pour y répondre. S’il est évident que Grenoble, pour tout un tas de raisons (budget, infrastructures, développement global du club) doit d’abord chercher à se stabiliser durablement dans l’antichambre de l’élite, rien ne l’empêche d’aller titiller un peu les sommets et de s’offrir quelques frissons jusqu’en fin de saison. A la question « est-ce que l’on ne s’offrirait pas un peu le droit de rêver ? », notre réponse tendra donc vers le oui, et voilà pourquoi.
En premier lieu : le classement. Le constat est simple : on vient de dépasser le tiers du championnat et Grenoble n’est aujourd’hui qu’à 4 points de la seconde place. On sait que dans un niveau où les « séries » sont importantes, les choses peuvent aller vite. Mais les 22 points déjà acquis le sont définitivement et en cette fin de mois d’octobre, les coéquipiers de Maubleu peuvent fièrement davantage regarder devant eux que derrière pour le moment.
En deuxième lieu : le classement. Oui, encore. Mais plus précisément le nom des équipes devant le GF38 dans ce classement. Les protégés de Vincent Hognon ont en effet déjà croisé le fer avec quatre actuels premiers de Ligue 2 : Bordeaux (0-0), Le Havre (0-0), Sochaux (1-0) et Amiens (défaite 1-0). Et disons le clairement : sur les confrontations directes, aucun ne s’est montré incroyablement supérieur. On pourra arguer des états de forme avec des équipes affrontées en début de calendrier par exemple mais c’est un argument qui vaut aussi pour le GF38 bien plus incisif ces dernières semaines qu’en début de saison. Dans cette Ligue 2 aucune équipe ne survole, pour le moment, les débats comme pouvait le faire un Toulouse chez lui l’an dernier par exemple. On l’a encore vu ce week-end avec Bordeaux qui a difficilement battu Annecy (1-0) ou Sochaux tout heureux d’arracher le nul contre QRM (2-2).
En troisième lieu : des joueurs de haut niveau. Brice Maubleu est sur le podium des meilleurs gardiens du championnat et a déjà rapporté quelques points à son équipe cette saison. Adrien Monfray est l’incontestable patron de la défense iséroise et fait partie des meilleurs défenseurs du championnat. Axel Ngando a évolué à un incroyable niveau ces dernières semaines quand les blessures l’ont laissé tranquille. Bamba est un joueur rare par sa capacité à faire la différence seul ou presque. Dans chaque ligne, le GF38 peut aujourd’hui compter sur des joueurs qui sont parmi les meilleurs à leur poste en Ligue 2.
En quatrième lieu : une profondeur d’effectif inédite. A mettre en lien avec le troisième point. On craignait par exemple en début de championnat une « Bamba dépendance ». Les dernières semaines ont démontré que ces craintes n’étaient pas fondés. Qui eut cru que Grenoble pouvait se passer de son international gambien mais aussi de Loïc Nestor, sans que le niveau global de l’équipe en souffre. L’émergence de Tchaptchet derrière et l’arrivée du monstrueux Diarra ont offert au GF une qualité de doublure qu’il n’avait pas. Sur les côtés les postes aussi sont doublés avec des joueurs de niveau sensiblement identiques – Gaspar étant toutefois un poil au-dessus individuellement. Au milieu le retour en grande forme de Manu Perez est une bonne nouvelle pour le secteur qui reste tout de même encore le petit point faible de l’équipe. Et devant… Grenoble a gagné 3-0 à Niort sans ses deux meilleurs buteurs et en pouvant malgré tout faire rentrer en cours de jeu Correa et Sbaï qui dans des registres différents peuvent apporter quelques garanties. Sans leur faire ombrage l’an dernier Jacobacci pouvait uniquement s’appuyer sur un Anani blessé pendant toute la prépa et en manque cruel de confiance et sur un Boissy qui a dû mal aujourd’hui à s’imposer comme un titulaire indiscutable en Régional 1. Le jour et la nuit.
En cinquième lieu : la réussite. Le poteau de Bonnet, la volée imparable de Tchaptchet. C’est un élément difficilement définissable mais tout (ou presque) réussi au GF38 ces dernières semaines. La confiance aidant, les Alpins savent aussi se mettre en position de bénéficier de cette « réussite ». Les partenaires de Jordan Tell osent davantage et en sont récompensés actuellement. Ces petits points grattés ci et là pourraient permettre de flirter avec le haut de tableau un peu plus longtemps que prévu.
Gardons malgré tout en tête quelques points d’incertitudes. L’hiver vient, et avec lui son lot de blessés. Même si le GF38 a déjà été bien touché et a montré qu’il savait faire face il ne faudrait pas non plus que les blessures s’accumulent. La gestion de celle de Ngando risque d’être intéressante à suivre puisque c’est aujourd’hui l’élément qui nous semble le plus difficile à remplacer à Grenoble. L’équipe de Vincent Hognon va également être un peu plus attendue désormais et sa réussite peut tourner. Il faudra gérer l’inévitable coup de moins bien mais aussi la montée en puissance de certains adversaires.
Mais tout ça ne doit pas empêcher de rêver. D’autant plus vu la dernière saison difficile. Que les Grenoblois entretiennent cette possibilité le plus longtemps possible, en continuant sur leur lancée des dernières semaines. Rêvez, rêvons, avec les émotions, positives ou négatives qui vont avec. Vibrez, vibrons et peu importe le résultat final, cela restera une saison réussie.
Le Podcast GF38 de la semaine revient aussi sur cette thématique