Il y a une poignée de jours une tempête s’abattait sur Grenoble. Au propre, comme au figuré. Les certitudes, acquises les semaines précédentes, étaient balayées. Entre défaite à Guingamp et cascade de forfaits, le ciel s’était assombri au-dessus des têtes des joueurs d’Hinschberger.
Une poignée de jours qui semble désormais être une éternité. Une douce euphorie a gagné les esprits grenoblois. A la faveur d’une belle victoire contre Valenciennes, d’abord. Puis grâce à un dernier jour de mercato enthousiasmant. Tâchons plus précisément de voir en quoi, en compagnie de l’entraîneur du GF38.

Une ambition retrouvée ?

Premier point de cette fin de mercato, et peut être finalement le plus symbolique et important : aucun joueur n’est parti. « Ce n’était pas dans l’air du temps cette année, nous n’avions aucune crainte à ce sujet » explique Philippe Hinschberger. Pas par manque de joueurs attractifs. Mais suite à la volonté de conserver tout le monde. Une décision forte criée par le club depuis plusieurs semaines. Les engagements ont été tenus. Et c’est un fort message qui nous semble avoir été envoyé.

Des messages, le GF38 en a envoyé d’autres, ce lundi 5 octobre. Trois plus précisément. Préparés avec soin, comme nous l’a expliqué le technicien. « Ca fait un bout de temps qu’on réfléchissait à ces dernières recrues avec le staff. Avec Max (Marty) on n’est pas toujours d’accord mais là on s’est accordé parfaitement. On a fait ce qu’on avait à faire pour s’améliorer. »

Des axes d’amélioration. Une expression plus adaptée que « lacunes » étant donné la position au classement des coéquipiers de Maubleu. Nous en avions pointé quelques-uns depuis cet été. Voyons voir quelle réponse le club y a apporté.

1_Une perte en « expérience Ligue 2 ». Sans compter Ravet, l’intégralité des recrues estivales grenobloises ne comptait même pas 10 matchs de L2 à elles toutes, quand dans le même temps le club perdait Gibaud, Raspentino, Tinhan, Vandenabeele ou encore Elogo.
→ Manu Perez c’est 178 matchs de Ligue 2, Loris Néry 124 plus 63 matchs de Ligue 1. Grenoble a fait venir deux joueurs avec un fort vécu alors que David Henen compte une trentaine d’apparitions en Jupiler Pro League (D1 belge).
« Ce sont des joueurs d’expérience qui collent parfaitement à ce que l’on cherchait. Quand tu recrutes à ce moment de la saison, c’est parfois un peu hasardeux, tu peux faire les choses à la va-vite. Prendre des joueurs avec du vécu cela limite les risques », complète Hinschberger.

2_ Un trou à droite. Harouna Abou Demba ne revenant pas de blessure, les manques à droite se sont fait sentir dès la préparation avec beaucoup de joueurs différents utilisés (Jurine, Cissé, Loba et même Mombris) en plus de Gaspar.
→ arrivée de Loris Néry qui a disputé 14 matchs avec Nancy l’an passé dont 11 en tant que titulaire. « C’est un poste où il y avait une nécessité d’avoir une solution rapidement puisque Jordy sera suspendu dans 15 jours et qu’on se serait retrouvé sans arrière droit. On ne peut pas prendre le risque aujourd’hui de miser sur un retour d’Harouna qui n’a plus joué depuis plus d’un an. Après trois mois on est aussi obligé de tirer des conséquences de ce que l’on voit.  »

3_Un axe affaibli. Grenoble a perdu Coulibaly, Vandenabeele et Gibaud (dont le poste de prédilection est DC) cet été alors que Belmonte et Tapoko enchaînent les pépins physiques et que Michel et Benet ont à leur tour rejoint l’infirmerie. On pourrait aussi ajouter que Youssouf M’Changama n’a jamais été réellement remplacé même si l’émergence de Michel a en (grande) partie compensé son départ.
→ Manu Perez. On aurait bien vu un DC rejoindre le club avant la fin du mercato. Mais finalement la polyvalence de l’ancien Lensois va offrir au GF38 des solutions de dépannage. S’il est considéré comme un 8 par son nouvel entraîneur, El Professor peut jouer 6 voir même en charnière – il l’a fait à quelques reprises avec Clermont. La réponse apportée lors de ce dernier jour de mercato nous semble moins nette que pour les deux points précédents, mais elle a le mérite d’exister.

« Au milieu Anthony a des blessures récurrentes depuis son arrivée qui font qu’il n’a pas encore pu montrer l’étendu de son talent. Tapoko est blessé régulièrement depuis qu’il est là aussi. Cela fait beaucoup d’absents dans ce secteur, avec Manu on récupère un joueur qui peut amener du liant. On a aussi vu que quand nos techniciens sont plus dans le dur on a du mal, comme à Guingamp, ça fait aujourd’hui une possibilité de plus pour nous à ce niveau là. »

L’inconnue Covid et l’inconnu David

L’impact du Covid est un point sur lequel est souvent revenu le technicien alpin. A juste titre étant donné ce qu’il a connu il y a seulement quelques jours. « C’est un facteur que l’on doit prendre en compte cette saison. Avec ce Covid, on n’a aucune certitude d’un match sur l’autre. Contre Valenciennes cela s’est bien passé mais on a vu que nous n’avions que des gamins sur le banc donc si on avait coincé à l’heure de jeu cela aurait été compliqué. »

On taquine un peu dans notre titre sur le Belgo-Togolais mais c’est vrai qu’ Henen est la surprise de ce dernier jour de mercato là où l’arrivée d’un défenseur et celle d’un milieu étaient « dans les tuyaux » depuis quelques semaines. « On a voulu compenser le départ de Terell (Ondaan, prêté à Nimègue, ndlr)  », explique Hinschberger. « Aujourd’hui on a tout le monde donc ça va mais si demain un ou plusieurs de nos attaquants se blessent c’est important d’avoir des solutions derrièreSi on veut exister en Ligue 2 c’est essentiel, même si on sait que derrière on a nos jeunes Renoud, Bouzit et Cissé qui ont du répondant »

Exister en Ligue 2, le GF38 le fait déjà plutôt pas mal depuis le début de la saison avec 4 victoires en 6 journées et une deuxième place au classement. Ne parlez pas à Hinschberger de Top 5 pour autant. Pas encore en tout cas. « Pour l’instant notre objectif c’est de faire mieux que l’an passé et notamment à domicile. Pour l’instant c’est réussi mais on ne se prend pas la tête, on est très content d’être deuxième. Allons déjà voir ce qu’on peut faire à Amiens, une équipe en difficulté, qui descend de Ligue 1. Après on pourra discuter. Mais continuons d’être dans cet esprit pour avancer. Ce qui est certain c’est que j’ai davantage une équipe pour gagner des matchs cette saison. »

Se posera aussi la question de la gestion humaine et sportive de cet effectif de qualité et de quantité. Il y aura des frustrations, c’est évident. Il faudra réussir à concerner tout le monde jusqu’au bout. Mais c’est un problème de riches et aussi une preuve que Grenoble, avec cette fin de mercato réussi, est entrain de changer de dimension.

Crédit photo : GF38

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