Ce samedi, le GF38 a validé sa participation aux barrages d’accession en Ligue 1. Cette saison fantastique, qui peut encore un peu se magnifier, s’est bâtie sur des valeurs solidement ancrées dans ce club à l’histoire sinusoïdale. A Grenoble, on se construit et on grandit dans la difficulté. Mais l’abnégation et la générosité n’ont jamais fait défaut dans les Alpes. Et quand se dresse un écueil, on l’affronte la tête haute et le regard déterminé. Un moule dans lequel s’est parfaitement fondu Charles Pickel. Le milieu suisse incarne ce GF38 combatif, besogneux et compétiteur qui disputera à partir de mardi la phase finale de son championnat. Nous l’avons justement rencontré ce dimanche matin. Crédit photo : Romain Quiblier / GF38
Le sourire est habituel. Loin de l’image qu’il cultive sur les terrains de Ligue 2. Le Grenoblois est un interlocuteur agréable. Encore plus un lendemain de victoire, quand perle la satisfaction du devoir accompli.
C’est même à peine fatigué que la machine Pickel nous a répondu. « Cela a été difficile de trouver le sommeil », nous a-t-il pourtant avoué. « Mais comme après tous les matchs, il y a beaucoup d’émotions. J’ai joué un peu à la play’ avant de me coucher et j’ai été réveillé à 7 heures du matin par ma fille mais ça ce n’est que du bonheur. Aujourd’hui c’est récupération, massage et je recharge les batteries et mardi je vais être là ! »
Le milieu de terrain célébrait aussi ses 24 ans hier. Il s’est offert un beau cadeau avec cette victoire face au RAF synonyme de 4ème place et de 1er tour des barrages à domicile. Une vraie réussite pour un GF38 qu’on attendait pas spécialement à pareille fête cette saison. « Mais pour moi, c’est une place plus que méritée. On a fait un joli parcours jusqu’à maintenant, je suis vraiment fier de ce qu’on a fait. On a été rapidement dans le Top 5 »
Un parcours dans lequel l’Helvète a joué son rôle. Sûr comme en dehors du terrain. Croisé également dans les couloirs du Stade des Alpes ce dimanche matin Max Marty nous a parlé de son joueur en termes élogieux et expliqué en quoi son profil avait séduit, il y a de cela deux ans. « Aujourd’hui, Charles a des statistiques incroyables et réussit de plus en plus à canaliser son énergie. A la base on cherchait un milieu de terrain sud-américain parce qu’on voulait un joueur hargneux, accrocheur (un profil à la Tejeda ? Ndlr). ». Un homme qui n’hésite pas à aller au combat et nourrit par une soif inextinguible de victoires, sur les terrains de Ligue 2 comme sur ceux d’entraînement. Et même autour d’une table de tennis de table. Seule la victoire est belle pour Charlie. Et c’est cet état d’esprit qu’il insuffle autour de lui. Anthony Belmonte nous disait avant le match de Rodez que de voir son coéquipier fournir autour d’efforts incitait forcément à en faire de même.
« Si tu rentres en ayant peur, tu perds »
Quand on lui demande les clés de la réussite de son équipe Pickel aborde également de lui-même cet aspect. « D’abord du commencement jusqu’à la fin on a vraiment été un groupe, c’est ça notre force. Dès la préparation on a fait pas mal de « trucs d’équipes », le coach a bien œuvré en ce sens. Et puis on est parti à tous les matchs avec la volonté de les gagner. Tout au long de la saison on a voulu ça. »
On se souvient d’une journée 3 à Chambly où le GF38 attaquait à tout va à 1-1 dans les dernières secondes du match. Une envie récompensée par un but d’Ondaan. Et si tout était effectivement parti de là ?
Outre cet état d’esprit, le milieu de terrain est aussi un sacré joueur de football, qui cherche toujours à jouer vers l’avant, et qui le fait avec une très belle qualité de passe. Là aussi Pickel met sa formation dans le bon sens.
Le Suisse valorise par les mots également cette notion de collectif. « Je ne suis pas le plus important. Le groupe l’est. Tout au long de la saison les joueurs se sont mis pour le groupe, pas pour eux-mêmes. Même quand on sait que ce n’est pas toujours facile quand on ne joue pas ou qu’on joue moins. Les mecs qui ne sont pas sur la liste (la feuille de match) sont au stade, ils descendent après le match dans les vestiaires. L’équipe est le plus important, on oublie trop souvent le travail de l’ombre dans le foot, il n’y a pas que ceux qui sont le terrain. »
Et c’est bien de ce groupe qu’il va falloir puiser encore un peu de force pour le programme qui arrive. Le Paris FC, qui n’a jamais réussi à Grenoble – spécialement cette saison – va se présenter ce mardi au Stade des Alpes. « Maintenant on va voir les vrais hommes. C’est là qu’il faut vraiment montrer qui on est et tout donner. Le 0-0 contre eux chez nous était pas mal, chez eux c’était plus compliqué c’est vrai. Maintenant on est à Grenoble, on ne doit pas avoir peur d’aucune équipe. Moi je n’ai peur d’aucune équipe, c’est pareil dans le groupe. On est toujours parti avec un bon état d’esprit, en respectant l’adversaire, en se donnant à 100%… On va continuer. Si tu rentres en ayant peur, tu perds. Le mental sera le pilier de ce match, c’est celui qui en voudra le plus qui se qualifiera. »
Comme tout au long de la saison, le GF38 ne partira sans doute pas avec la faveur des pronostics. Le club des Alpes n’a pas le clinquant de ses compagnons du Top 5. « Tant mieux, c’est quelque chose qui nous pousse encore plus » sourit Pickel. « Après c’est aux gens de se faire leur image, nous ce qui nous importe c’est de montrer la meilleure image de nous-même. ».
Cette image est plus que bonne à Grenoble. Le Suisse a d’ailleurs apprécié l’accueil des supporters ce samedi et le soutien affiché tout au long de la saison. « C’était exceptionnel ! Grâce à eux il n’y avait pas beaucoup que tu devais encore « chauffer » parce que quand tu vois un truc comme ça ça fait chaud au cœur. »
Un cœur résolument « bleu et blanc ». Des couleurs que Charles a aussi chevillé au corps. Dans le discours, le joueur est aussi résolument « grenoblois ». Il le martèle littéralement (en tapant dans ses mains en même temps) : « l’histoire n’est pas terminée, on continue, toute l’équipe va montrer la meilleure image d’elle ».
C’est le GF38 qu’on aime. Le GF38 qui depuis 10 ans surmonte les écueils pour se refaire sa petite place dans le football français. Pickel le symbolise à merveille.
Uno di noi diraient certains supporters. L’un d’entre nous. Une place de choix que le Suisse s’est octroyé en l’espace de deux saisons. Et peut être la plus belle des victoires pour un homme qui aime tant gagner.