Est-ce un manque de confiance en soi ou une volonté d’être absolument certain qu’on le croit vu son parcours improbable ? Toujours est-il que Bakary Camara voulait être sûr qu’on dispose bien de toutes les informations nécessaires avant de rédiger cet article sur son parcours. Passé par les U19 nationaux et la réserve du GF38, l’ancien grenoblois a multiplié les essais en Italie notamment mais reste sans club aujourd’hui. Il livre un avis sans concession sur le football au niveau amateur en France, enrichi de son expérience à l’étranger où il espère bien retourner.

« Baki » comme il était appelé au GF38 se présente comme avec un profil puissant et capable de jouer des deux pieds et à tous les postes du milieu de terrain. Il se souvient même que Patrice Neveu, alors sélectionneur de la Mauritanie, l’avait sollicité en 2012 lorsqu’il évoluait sous les couleurs de Grenoble mais s’était malheureusement blessé…

Toujours est-il qu’après des essais dans des clubs de 2e division chypriote, « sur des pelouses catastrophiques », Bakary Camara s’est rendu en Italie, pays qui l’a toujours attiré pour tenter sa chance. Passé par Empoli (Serie B), il retient surtout les regards de clubs de Serie C et D, équivalents du National et du CFA en France même si la Serie C est une division considérée comme étant professionnelle de l’autre côté des Alpes.

Bakary Camara, ancien du GF38, lors d’un essai en Italie (vidéo)

San Marino et Casalgrande tentent même de l’enrôler… sans succès. « Le fait que je sois un joueur étranger a posé problème : ma licence a mis énormément de temps à arriver et le club ne pouvait finalement pas m’engager à cause des quotas », explique Bakary Camara. S’il est aujourd’hui de retour en France pour essayer de se relancer, l’ancien grenoblois n’éprouve pourtant pas le moindre regret à l’heure d’évoquer son parcours : « Franchement, humainement et footballistiquement, ça a été une expérience fantastique. La mentalité italienne est tout ce que je recherche dans le sport. Je suis quelqu’un de sensible et leur honnêteté m’a vraiment touché : que ce soit un qui soit meilleur que toi, qui joue au même poste, si tu es bon, il ne va pas hésiter à te le dire. Aujourd’hui, je pense que les qualités humaines jouent un rôle primordial dans la construction d’un footballeur ».

Bakary Camara lors d'un essai en Italie
Bakary Camara lors d’un essai en Italie.

En Italie, Baki va aussi faire de nombreuses rencontres. Ami avec Cheick Keita – celui dont MHD parle dans sa chanson – qui joue aujourd’hui à Bologne et connait bien les championnats italiens, l’ancien grenoblois va disputer des rencontres de five avec Érick Pulgar, un international chilien. Il va également croiser la route de Pedro Pasculli, champion du monde avec l’Argentine de Maradona, qui lui voue une affection particulière : « Je suis régulièrement en contact avec le ‘Mister’. Il m’apprécie vraiment en tant que footballeur et homme et m’a dit que j’avais toutes les qualités pour jouer un jour en professionnel. Ça me fait énormément plaisir et ça me donne encore plus envie d’aller au bout de mes rêves d’enfants ».

Si on lui a également suggéré d’aller en Espagne en Segunda B, Bakary Camara reste fixé sur son objectif de jouer en Italie qui l’a tant marqué : « La seule chose que tu as envie de faire, c’est de tout donner pour ces gens qui t’apprécient et qui sont honnêtes avec toi. Je suis allé en Espagne, à Chypre, en France et pour moi, l’Italie c’est le top. Les infrastructures sont vraiment incroyables, à Padova, par exemple, qui évolue en Serie C, il y avait une pelouse exceptionnelle, meilleure qu’au stade des alpes. Comme je suis étranger : ça m’a un peu bloqué pour les histoires de licence. Sinon je serai resté en Italie ».

Persuadé que ça l’a servi mentalement et qu’il revient en France plus fort qu’avant, Bakary Camara cherche aujourd’hui à retrouver un club où il pourrait exprimer son potentiel : « C’est le terrain qui me manque : depuis le début de saison, je n’ai pas disputé de matchs officiels ! Je n’attends que de rentrer, signer une licence, jouer un match en compétition et le jouer comme si c’était de la Ligue des Champions ».

Pour autant, l’ancien grenoblois regrette qu’on ne lui ait pas donné sa chance plus tôt et porte un regard critique sur la manière dont le football amateur progresse : « Quand tu vois ceux qui arrivent avec un grand CV, ils n’apportent parfois pas plus qu’un joueur qui vient de divisions inférieures ! En Italie, tu peux t’appeler n’importe comment : ils s’en fichent. Ils te mettent sur un terrain et c’est à ce moment-là qu’ils te jugent. Malheureusement en France, c’est beaucoup plus compliqué. Même pour avoir le droit de passer un essai, il faut un CV ! Moi, je dis toujours aux entraîneurs : « Mets moi sur un terrain de foot et après on va discuter ! » .

En contact avec plusieurs clubs de National 3 et un de National 2, Baki envisage également de prospecter du côté de la Suisse dans les divisions inférieures qu’il a déjà fréquenté à Genève : « Regarder du côté des niveaux amateurs ne me dérange pas : si les clubs ont un projet correct, pourquoi pas ! Sincèrement, j’ai juste envie de trouver un niveau où je peux prouver ». Pour autant, une chose est sûre : l’Italie a beaucoup trop plu à l’ancien joueur de la réserve du GF38 pour qu’il n’y retourne pas, d’autant plus que « leurs pizzas sont terribles » conclut-il avec le sourire. À 24 ans, Bakary Camara ne veut pas laisser passer sa chance et se dit prêt à revenir à Grenoble : « Si demain Olivier Guégan m’appelle, même pour aller à la réserve, je ne vais pas dire non, c’est sûr parce que j’aime le club. Lui et Max Marty font du bon travail au GF38, ils ne parlent que football et mérite et n’hésitent pas à te donner ta chance ! Mais je suis vraiment ouvert à toutes les opportunités du moment qu’on me laisse ma chance et j’espère que la roue tournera ». 

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