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Mecha Bazdarevic : « À Grenoble, j’ai vécu mes plus belles saisons d’entraîneur »




Sa dernière venue au Stade des Alpes ? Un jour de défaite face au Mans 1-0 fin août 2010. Après trois saisons, Mecha Bazdarevic quittait le GF38 qui entamait alors sa descente aux enfers. Huit ans plus tard, le natif de Sarajevo, accompagné de son fidèle adjoint Stéphane Gilli, de toutes ses aventures, va retrouver vendredi soir le club avec lequel il a vécu ses « plus belles saisons » comme entraineur. Mais cette fois dans la peau de l’adversaire, comme entraineur du Paris FC.

Vendredi, vous allez retrouver Grenoble au Stade des Alpes. Ce sera forcément un match particulier pour vous ?

Le match ? Non, je le prends comme un match normal. Mais ce sera particulier dans le sens où j’ai vécu trois saisons et demi à Grenoble qui ont été les plus belles saisons de ma carrière d’entraîneur. J’ai vécu avec le club une très belle montée en Ligue 1 (en 2007-2008) et un très beau maintien la saison suivante avec à la clé une demi-finale de Coupe de France avec des joueurs, des supporters qui adhéraient. Ça a vraiment été beaucoup de bonheur.

C’est aussi la première fois que vous retournez justement au Stade des Alpes, stade symbole d’un projet ambitieux, peut-être même trop ambitieux à l’époque.

Oui, il symbolise l’ascension en Ligue 1 mais aussi la chute…Mais il symbolise surtout la communion. Ce stade a permis au public de s’installer je pense, d’avoir une enceinte permettant au public de communier avec son équipe. Particulièrement pendant deux saisons exceptionnelles pour le club…Je veux insister là-dessus, je n’ai pas revécu de moments footballistiques aussi forts qu’à Grenoble. Si, peut-être avec la sélection (Bosnie-Herzégovine entre 2014 et 2017) en barrages. À Grenoble, le stade était rempli à tous les matches. On prenait plaisir à jouer ensemble, beaucoup de jeunes progressaient, toute l’équipe était à un niveau très élevé. Personnellement, j’avais tout ce dont un entraîneur a besoin pour réussir.

Vous avez gardé de contacts à Grenoble ?

Oui, Je suis très nostalgique de Grenoble. Ma femme, ma famille avons gardé beaucoup d’amis là-bas. Récemment, j’ai croisé deux supporters grenoblois en me baladant dans Paris et on est allés boire un café sur le coup, spontanément. On était content de se retrouver, c’était bien de discuter avec eux pour se souvenir de cette période. C’était vraiment un moment sympa.

«Je pense que de nombreuses personnes se sont dit qu’il était de leur devoir de participer à ramener Grenoble au haut niveau.»

Justement, en CFA, en National 1 et en Ligue 2, de nombreux joueurs et entraîneurs ont été marqués par la ferveur et la fidélité d’un grand nombre de supporters grenoblois pour leur club.

(Il coupe) Ah oui, complètement ! Il y a un gros noyaux de supporters à Grenoble. À mon passage, on n’aurait pas fait tout ça sans l’engouement qu’il y a eu autour de l’équipe. Les supporters étaient là à tous les matches et au fur et à mesure, la ville venait au stade et ça a entraîné une fidélité qui faisait que le stade était plein. Quand on se déplaçait à l’extérieur, les supporters étaient là. Je me souviens de déplacements à Lyon ou Saint-Étienne où ils étaient 5 à 6.000, c’était vraiment extraordinaire. Quand vous avez un noyaux solide de supporters, ça aide beaucoup.

Qu’est ce que vous avez ressenti quand Grenoble est remontée en Ligue 2 après tout ce qu’il s’est passé ?

J’étais évidemment content parce qu’il y a beaucoup de personnes qui ont travaillé pour. De nombreux dirigeants encore au club aujourd’hui ont travaillé pour ramener le club là où il doit être. il faut les féliciter pour tout ce qu’ils ont fait. Il y a eu aussi du courage, je pense que de nombreuses personnes se sont dit qu’il était de leur devoir de participer à ramener Grenoble au haut niveau. Parce que Grenoble, c’est une ville de foot avec un beau stade, de la ferveur…Donc, si le travail était bien fait, il y aurait une récompense au bout. C’est une ville qui mérite au minimum un bon club de Ligue 2. Et pourquoi pas s’installer durablement en Ligue 1.

Vendredi, vous allez affronter une équipe promu qui réalise un début de saison exceptionnel. Vous les trouvez en sur-régime ou ils sont à leur juste niveau ?

Je pense qu’ils sont sur une dynamique. Après, je ne connais pas suffisamment l’équipe actuelle pour juger. Concernant leur niveau…je pense que pour la montée, ce sera difficile. il y a quatre-cinq équipes largement au-dessus des autres cette année. Mais après, je disais ça aussi à l’époque (lors de la montée en 2007-2008) (rires).

À quel type de match vous vous attendez vendredi ?

À un match difficile. On viendra vendredi pour poser des problème à cette équipe. ils sont favoris, c’est sûr. Ils sont devant nous, ils sont dans une dynamique vraiment positive. Mais personnellement, j’aimerai qu’on fasse un beau match pour que ce public que j’adore soit content en voyant un beau spectacle. Après, je vais travailler à fond pour que mon équipe fasse aussi pleurer ce public que j’aime en gagnant (rires).

«Je n’aime pas qu’on me définisse comme un entraîneur de ‘petits clubs’»

Quelle est la meilleure qualité pour réussir en Ligue 2, c’est une division que vous commencez à bien connaître…

Un entraîneur ne peut rien faire sans stabilité à l’intérieur d’un club. Après, il n’y a pas de secret, il faut être malin dans le recrutement et chercher des joueurs capables d’encadrer une équipe. Et quand vous avez tout ça, il faut un projet de jeu cohérent avec votre effectif pour aller chercher les points en plus qui feront la différence à la fin d’une saison. Et puis, il y a toujours le facteur chance évidemment.

C’est la méthode que vous avez appliquée à Grenoble ?

À mon époque, deux joueurs m’ont particulièrement marqué humainement : (Grégory) Wimbée et (Nassim) Akrour. Ce sont des personnes extraordinaires dans un vestiaire qui montrent l’exemple sur le terrain. Ils encadraient bien mais après, tout le monde allait dans le même sens. Je ne voulais pas forcément en sortir du lot parce que j’avais vraiment un groupe extraordinaire. Pendant deux, il y avait tout pour faire de belles choses. Donc, ma méthode était assez facile à mettre en place.

Vous êtes réputé pour «promouvoir» les petits clubs comme Istres ou Grenoble. Vous acceptez cette définition en tant que coach ?

Non, parce que j’aurais pu entraîner des clubs plus importants. J’ai été un bon joueur professionnel, j’ai eu mon diplôme (d’entraîneur) très tôt, j’ai été adjoint à Sochaux avec Guy Lacombe et Jean Fernandez, on a emmené le club en Coupe de l’UEFA…J’ai été finaliste de la Ligue des champions CAF (avec l’Étoile sportive du Sahel)…Donc non, j’aime mieux qu’on me définisse comme un passionné de football avec un travail de qualité à la clé, au risque que d’autres ne le disent pas…Vous savez, moi, j’essaie de faire le travail du mieux possible. Je pense qu’on progresse avec l’expérience mais surtout en étant passionné. À Grenoble, il n’y avait pas de salle de musculation, pas de terrain…L’essentiel, c’est de travailler pour arriver à ses objectifs.

Avec le Paris FC, vous réalisez un début de saison plus que correct en étant 8ème avec 28 points au bout de 17 matches…(il coupe)

Même exceptionnel…Vous savez, le Paris FC a perdu six joueurs majeurs cet été. Imaginez par exemple Grenoble avec six joueurs majeurs en moins…L’année dernière, le Paris FC a fini 8ème et c’était un peu une surprise parce que l’objectif était le maintien. Cette année, l’objectif est de confirmer la bonne saison dernière et commencer à installer le club durablement en Ligue 2. Mais aussi et surtout continuer à faire progresser les jeunes.

Quelle est l’ambition cette année, c’est de monter ? Et à terme, voir un autre club de la capitale s’installer en Ligue 1? c’est en tout cas le rêve…

Vous savez, on a tous des rêves…Quand on parle de Ligue 1, il faut déjà imaginer un budget d’environ 60 millions d’euros pour espérer exister, avoir un stade. Rêver de ça aujourd’hui pour le Paris FC, c’est irréaliste. Mais c’est un objectif à terme, c’est clair. Les dirigeants travaillent pour ça et ils font un beau boulot parce qu’il y a quatre, cinq ans, le Paris FC n’existait pas sur la scène professionnelle en France. En tout cas, le club est sur la bonne voie je pense. Je reviens à Grenoble, il y a 10 ans, tout le monde disait que Grenoble allait s’installer en Ligue 1…Il faut toujours être prudent.

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