Si pour l’instant l’essentiel des réflexions portent sur le sportif – et comment finir cette saison une fois que la crise sanitaire, dont la résolution reste l’immense priorité, sera passée – la question économique ne manquera pas à son tour de heurter de plein fouet le football professionnel.
Lors de sa récente interview à Infosport, Philippe Hinschberger évoquait ainsi un possible manque à gagner de 2,5 millions pour le GF38. Sachant que Grenoble dispose d’un budget de moins de 10 millions cette saison, c’est forcément un chiffre qui peut inquiéter sur le devenir du club alpin.
Nous avons pu discuter du sujet avec Max Marty en ce début de semaine. Le manager général grenoblois, conscient des impacts que la crise va engendre, se veut toutefois rassurant sur le sujet.

Des employés au chômage partiel

Comme nous vous l’indiquions hier, tous les salariés du club seront au chômage partiel à partir de ce mercredi. Lors des deux premières semaines de confinement, c’était déjà le cas de quelques employés administratifs mais la très large majorité des gens travaillant pour le GF38 était en mode « congés payés ». Ce qui permettait d’une part de solder une partie de ceux ci alors qu’il est probable que des matchs aient lieu en juin, voir en juillet. Et d’autre part que le personnel puisse conserver un salaire intégral sur cette période.

Est-ce que le mode « chômage partiel », qui permet aux salariés de recevoir 84% de leur salaire net va impacter l’économie du club grenoblois ? Pour rappel en ce qui concerne les employés administratifs les salaires devraient être intégralement couverts par l’Etat. En revanche ce dernier ne prenant à son compte que maximum 4850€ par salaire, le club aura à charge le supplément en ce qui concerne joueurs et staff.
Deux éléments permettent toutefois de tempérer l’éventuel impact économique sur ce secteur : le club fait l’économie toutes les charges sociales, salariales et patronales hormis la CSG et la CRDS et les salaires au GF38 ne sont pas très élevés comparativement à ce qu’il peut se faire ailleurs en L2 (>> la masse salariale de Grenoble).

Un manque à gagner de 2,5 millions d’euros ?

C’est un chiffre qui est revenu à plusieurs reprises, nous avons donc cherché à savoir un peu plus précisément à quoi il correspondait.
« C’est évidemment un chiffre très difficile à calculer » nous a d’abord précisé Max Marty. Tout simplement parce qu’on ne sait déjà pas jusqu’à quand la situation actuelle va durer et ne serait-ce que si le championnat reprendra cette saison.

« A l’heure actuelle notre budget est déficitaire de 700 000 euros (absolument rien d’anormal à cela à ce moment de la saison, ndlr). Pour le reste on a essayé de calculer sur un manque à gagner en comptant qu’il reste 10 matchs à jouer. Entre la billetterie, les droits télés et quelques recettes annexes, on arriverait à un total d’à peu près1,5 millions. »

On n’est pas tout à fait sur le chiffre évoqué mais cela reste une sacrée somme à l’échelle du GF38.

Pas de raison de s’affoler

A Grenoble plus qu’ailleurs le spectre d’un éventuel dépôt de bilan fait trembler. Mais il y a des raisons de rester serein même si le football pro’ sera nécessairement et fortement impacté par la situation.

Déjà parce qu’il s’agit du pire scenario, avec plus aucun match cette saison, des remboursements à faire, des diffuseurs qui ne versent pas la totalité des droits négociés. Ensuite parce qu’il a déjà été expliqué que la DNCG serait très conciliante au cours des prochains mois.
La dernière raison est propre au GF38. Certains ont pu reprocher la gestion « à la papa » du club par Stéphane Rosnoblet – nous on est plutôt content de voir Grenoble passer sans encombre ses rendez-vous avec le gendarme financier du foot français. Mais cette gestion sans folie permet d’aborder les crises avec les reins solides.

D’ailleurs quand on suggère au manager isérois qu’un petit déficit sera de toute façon toléré cette saison, il recadre immédiatement les choses. «  Notre objectif sera d’être équilibré en fin de saison ! C’est quelque chose qu’on s’est fixé avec le président depuis que nous travaillons ensemble, nous nous y tiendrons. Peut être qu’il y aura besoin de vendre un ou deux joueurs de plus que prévu mais on s’adaptera, tout en restant très compétitif la saison prochaine. D’autant que la situation actuelle va sans doute aussi amener des possibilités de recrutement nouvelles. Nous faisons partie des clubs bien lotis face à cette crise qui s’annonce. Nous gagnons un peu d’argent, en tout cas nous n’en perdons pas. On a une masse salariale très raisonnable, la 19e de Ligue 2. On a imposé un salary cap, qui nous fait parfois perdre des joueurs qu’on aurait aimé garder mais on s’y tient parce qu’on veut durer. On a un président solide, qui sait où il veut aller, un capitaine de navire qui voit l’avenir très clairement. »

L’humain avant tout

On a appelé Max Marty pour parler économie du football et finance. Au final on a surtout longuement parlé d’humain. Des qualités humaines de Philippe Hinschberger et des supporters grenoblois. Qui n’ont pas surpris le manager. De cet humain qui s’engage aujourd’hui dans un combat bien plus important qu’un simple sport. « Aujourd’hui j’ai presque honte de parler de football » a reconnu l’ancien tourangeau.

Cet humain il est profondément ancré à Grenoble. Il en est une valeur cardinale. « On essaie toujours de mettre de l’humain autour du club » approuve MM. « C’est un vrai bonheur d’avoir des gens comme Philippe, comme nos supporters. Ils sont à l’image du club voulu par notre président. »
Cet humain, c’est aussi pourquoi le GF38 peut regarder l’avenir avec sérénité. Parce que ce « football à visage humain » ne peut être que le football de demain.

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