Le manager général du Grenoble Foot Max Marty est parti en Chine il y a quelques jours. On a pu en discuter avec lui en ce début de semaine. L’occasion de parler aussi des projets du club en matière de formation, du partenariat avec Echirolles… Bref, de tout ce qui fait qu’au delà des résultats sportifs de l’équipe 1, le GF38 souhaite construire son avenir sur des bases solides. Rassurez-vous, on a quand même aussi un peu parlé de CFA.


Max, dans quel cadre s’est fait ce voyage en Chine, relativement peu mis en avant…

Tout d’abord je voudrais effectivement préciser qu’il y a des actions menées par le club dont on ne parle pas forcément énormément. Tout simplement parce que l’on est concentré sur le premier objectif du club : la montée en National. Cela n’empêche pas de mener plusieurs actions derrière mais on ne veut pas faire sentir un poids, une pression, supplémentaire aux joueurs qui en ont déjà bien assez avec leur objectif sportif.

Pour en venir à mon voyage en Chine, il s’est fait uniquement dans un cadre GF38, même si j’ai croisé d’autres dirigeants français eux aussi sur place, et il rentrait dans le cadre de notre projet de centre de formation.

Peux-tu re-préciser la nature de ce projet, qui est lui aussi un projet du club dont on entend peu parler ?

Comme tu le sais on s’est rapproché du FC Échirolles (>> retour sur la signature d’une convention entre les 2 clubs en novembre dernier). C’est un rapprochement qui porte déjà et qui va porter sur plusieurs niveaux. On a déjà annoncé qu’on aurait un équipementier commun mais on va s’aider sur d’autres choses, on va essayer de mutualiser certains aspects, de s’harmoniser sur le prix des licences…
Ce rapprochement concernera aussi la formation. Aujourd’hui, le constat c’est qu’on est un des rares départements à ne compter aucune équipe jeunes au niveau national. Avec Echirolles, on veut donc partir sur un projet innovant, qui nous permette de conserver tous les meilleurs joueurs des deux clubs et d’avoir deux équipes de niveau national dans chaque catégorie (U15, U17, U19), c’est à dire 120 gamins capables de jouer à ce niveau là (20 joueurs par équipes, ndlr) ; parmi ceux là d’en avoir une trentaine qui intègrent chaque année le centre de formation et, in fine, l’objectif est d’avoir 80% des équipes seniors composées de joueurs que l’on a formé.

Chaque club garderait donc ses propres équipes ?

Oui les deux clubs resteraient distincts. Pour te donner un exemple envisageable : un très bon latéral gauche U17 de la région souhaite rejoindre notre centre de formation. Au GF38, on a déjà un excellent titulaire à ce poste. Echirolles n’en a pas. Les deux équipes évoluent au niveau national. Plutôt que de venir chez nous et d’être remplaçant, de voir sa progression ralentie, il va s’engager à Echirolles. Peut-être qu’il va percer alors que le latéral du GF38 va stagner, et que c’est lui qui évoluera avec notre équipe 1 quelques années plus tard.
Peut-être même que quand il jouera avec Echirolles il contribuera à nous battre. Mais pour moi le résultat en U17 n’est pas important. Ce qui est important c’est la qualité du joueur adulte plus tard. J’ai conscience que c’est un discours très innovant, parfois difficile à faire passer quand on sait l’importance des résultats y compris chez les jeunes. Mais ce langage là commence à être de plus en plus compris chez nous.

Pour simplifier, en admettant que chaque club ait des équipe U15, U17 et U19 Nat’, l’idée serait donc de pouvoir former et compter sur deux fois plus de joueurs de niveau « national » ?
C’est ça et dans ce cadre là il faudra bien sûr pouvoir les accueillir dans des équipes seniors qui évoluent à un bon niveau. C’est pour cela que c’est important, au-delà de notre équipe 1, que notre équipe réserve ou que le FC Echirolles puissent eux aussi grimper de quelques échelons.

Quel est l’état d’avancée du projet et l’éventuel calendrier que le club s’est fixé pour disposer de son centre ?

On a visité plusieurs terrains. On attaque les négociations. Si je devais te donner un ordre d’idée du calendrier moi j’aimerais qu’à Noël 2017 on ait bouclé la question du terrain. Après il faut 8-10 mois pour mettre en place des préfabriqués haut de gamme comme ceux de Monaco ou de Lyon ce qui nous amènerait à septembre 2018 pour pouvoir lancer concrètement le centre. Ça, c’est la version idéale, après cela peut prendre un an de plus. Cela sera aussi certainement conditionné par les résultats sportifs. Une double montée (National – Ligue 2) pourrait faciliter par exemple un lancement dès septembre 2018.

Comment vient se greffer ton voyage en Chine dans ce projet finalement très local ?

C’est le « contact extérieur ». On veut construire une équipe à forte connotation « grenobloise » mais ce n’est pas une raison pour se couper du reste. Il y a du bon, des idées, à prendre de partout.

Si la Ligue 1 n’est pas le championnat le plus reconnu dans le monde, la formation française, elle, jouit d’une excellente réputation. L’idée pour nous est donc de nouer des partenariats avec quelques clubs chinois qui nous enverraient des joueurs en stage – que ce soit pour 15 jours ou pour 1 an -, stages qui seraient financés par les Chinois.
Cet élément là pourrait être complété par de l’apport de fonds sur le futur centre de formation. Un deal qui pourrait prendre la forme de : un complément financier en contrepartie de X joueurs chinois qui viendraient chaque année pendant X années.
Pourquoi pas également espérer, si certains joueurs Chinois formés en France restent, de récupérer quelques sponsors. C’est un « coup à 3 bandes » : des joueurs, le financement du futur centre et des sponsors.
Pour être clair il n’est pas du tout question de vendre le club, on ne parle juste que de quelques éventuels compléments financiers.

Au-delà de cet aspect là, je pense qu’il est aussi intéressant de confronter nos jeunes joueurs à un football « d’ailleurs ». Ils peuvent aussi apprendre du football étranger et ce sera des échanges sportivement intéressants.
D’ailleurs, grâce à mes contacts avec un agent bien implanté en Amérique Centrale, nous recevons cette semaine un des meilleurs espoirs du Costa Rica, international U16 qui va venir s’entraîner avec les U17 et peut-être venir faire quelques séances avec la 1. Il sera accompagné par la télévision costaricienne.
Sur cet aspect là on a une vision à moyen terme. Si ce jeune est satisfait, si le reportage véhicule une image positive peut être que les années suivantes on aura 2, 3, 4 joueurs qui viendront chercher des compétences et qui paieront pour cela.

Cela va nécessiter des infrastructures, mais aussi les éducateurs qui vont avec…

On œuvre énormément dans ce sens là. On essaye de faire labelliser « élite » le club cette année (la réponse ne devrait pas tarder, le GF38, labellisé « espoirs » pour le moment, est optimiste). Ce niveau impose des diplômes à nos éducateurs. Coucou Tafer, et Nicolas Bach qui est venu l’épauler cette saison, font un remarquable travail. L’idée pour les années qui viennent est qu’Echirolles obtienne également ce label élite.

(Si cette question vous intéresse on voue renvoie sur le très détaillé article réalisé sur le site officiel du club)

Malgré ton, tes expériences, ressens-tu une certaine « excitation », face au chantier devant le club, pour mener à bien le projet que tu viens d’évoquer ?

Oui et non. J’ai toujours été condamné à construire. La première fois que je suis venu ici, avec Alain Michel, avec maître Fessler, il y avait déjà tout à faire. J’ai appris le métier ici. Après je suis parti à Rodez où on est monté en National, on a sorti le PSG en coupe de France. Puis après ce fut Tours où là aussi il fallait faire monter l’équipe, où on a monté le centre de formation avec Bernard (Blaquart).
Mais oui il y a une certaine excitation parce qu’ici c’est mon club. J’aime ce club. J’ai changé aussi depuis mon premier passage, je ressens une certaine harmonie. Je ne veux pas tomber dans la flatterie mais il y a aussi la chance ici de pouvoir compter sur un président local, qui veut s’installer dans la durée, qui a envie de faire des choses qui ont socialement du sens. C’est un vrai luxe. Mais je reste lucide, je sais que tout va très vite dans le monde du football.

Est-ce que le conflit avec Tours (il vient d’être condamné à rembourser près de 500 000€ de salaires) pourraient justement influer sur ton avenir au GF38 ?

Franchement non, c’est en cours, c’est du pure juridique et ce sont mes conseillers juridiques qui s’en occupent. Stéphane Rosnoblet était au courant de la situation à mon arrivée. On va laisser cette affaire là se régler mais cela n’impacte pas du tout mon présent et mon avenir avec Grenoble. Comme je te l’ai dit le monde du football va vite et on reste dépendant des résultats mais je suis même entrain de chercher une maison sur Grenoble en ce moment.

Parlons un peu de l’équipe fanion pour conclure. Est-ce que le classement actuel t’apporte un peu plus de sérénité ?

Franchement non. Il n’y a rien de fait. Je n’étais pas plus inquiet en novembre que je ne le suis aujourd’hui. On sait qu’au moindre petit grain de sable cela peut capoter. On reste sur une série formidable mais toutes les séries ont une fin. Ce championnat est très dur et je trouve que cela valorise encore plus les efforts et le travail des joueurs et du staff qui ont réalisé des dernières semaines exceptionnelles. Sur les 12 derniers matchs, on a un bilan de 10 victoires et 2 nuls (et 2 nuls qui méritaient mieux, ndlr).

La dernière défaite en championnat date justement du match aller à Andrézieux, je sais que tu vas dire que tous les matchs ont la même importance mais la rencontre de ce samedi ne constitue-t-elle pas un tournant décisif dans la lutte pour la montée en National ?

Je ne vais pas te dire ça. Le match aller reste un très mauvais souvenir pour tout le monde. J’avais eu, quelques jours après le match, une colère très froide vis à vis des joueurs et certains de mes mots avaient même dépassé ma pensée.
Je suis admiratif du parcours réalisé depuis ce jour là. Samedi, le match sera peut être un peu plus important que les autres. Mais pour moi le sujet n’est pas de continuer à gagner mais de continuer à progresser. On sait d’avance que si jamais on fait nul certains vont commencer à critiquer mais pour moi un nul voudra dire qu’on aura deux points d’avance sur le Puy et donc ça sera une bonne chose. Attention, j’espère qu’on va gagner, mais s’il y a nul je serai quand même satisfait, on aura fait un pas de plus vers l’objectif, il n’y a que ça qui compte. On ne peut pas demander la lune (gagner absolument tous les matchs) aux joueurs. Mais bien sûr rien n’empêche d’essayer d’aller la chercher…

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